Prise par la Momie, chapitre 12

CHAPITRE 12 : This Is The End, Beautiful Friend

Quand vous - Tal Williams, égyptologue extraordinaire - tournez la clé dans la serrure de votre porte d'appartement sous la contrainte de trois hommes de main, vous n'avez toujours pas idée de comment vous allez vous tirer de là.

— @now@n 🦢 (@DoubleArobase) December 7, 2020

Gros Bras n°3 reste devant la porte comme si l'appart' nécessitait les services d'un videur ; Gros Bras n°1 et 2 s'installent à vos côtés sur le canapé et font la conversation. Vous restez muette, comme le souvenir brûlant du plan à trois prend le premier plan de vos pensées.

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(Clairement, ce n'est pas une anecdote que vous souhaitez partager à des inconnus menaçants.)

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"Le patron arrive", mentionne Gros Bras n°2 en écho au SMS qu'il vient de recevoir.
"Yo, dis pas patron, on reste freelance", lui répond Gros Bras n°1.
Curieuse, vous espérez connecter avec vos camarades travailleurs précaires : "Ah, recrutés sur Fiverr ?"

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Gros Bras n°2 vous envoie un sourire asymétrique et vous informe :
"Fiverr, c'est pour les péquenauds."
Bon, la solidarité de classe n'est pas pour aujourd'hui.

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La corruption semblant impossible, tentez-vous quelque chose d'autre ou pas ?

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Il n'y a plus de bière au frigo et l'eau du robinet n'est potable que six jours sur sept mais, comme dit le proverbe :
"What make a house a home is vodka".

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Vous sortez la bouteille et les verres et entreprenez de saouler la gueule aux deux types.
Vous vous rendez bien compte que c'est plus Marion Ravenwood qu'Indiana Jones, comme stratégie, mais EH, D'ABORD, ce bellâtre est un archéologue de merde, et pis MARION DID NOTHING WRONG

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(Bien entendu, pour ne pas éveiller leurs soupçons, vous avez vous-même tapé dans la bouteille.)

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Gros Bras n°3 ouvre la porte et constate la scène, outré.
"Les gars, vous déconnez... y a Lord Machin dans le couloir... et vous m'avez même pas proposé..."
Les deux autres gros bras et vous réalisez un pacte solennel de faire semblant d'être sobres devant le client.

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Vous souriez de toutes vos dents, parce que sourire inspire la confiance.
Le client entre.
"Où sont mes vases canopes ?"
Eh beh ça tombe très bien, ils sont sur la table basse du salon, on va pouvoir les ouvrir tout de suite !

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Avec un verre dans le nez, le client est... quelconque. Incroyablement quelconque. Wow, quelle perte de temps que de poser les yeux sur lui. Sa vue vous donne envie de bâiller alors que vous êtes chroniquement insomniaque.

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Le client ouvre les vases canopes.
Puis vous regarde.
Puis revérifie l'intérieur des vases canopes.
"Ils sont VIDES ???"

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Vous lui riez au nez, puis lui abattez la bouteille de vodka vide sur la tête. Il recule, chancelant : vous n'y êtes pas allée de main morte.
"ATTRAPEZ-LA !" crie-t-il à ses sbires freelance.
Ceux-ci, encore plus bourrés que vous, échouent à vous saisir.

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Vous vous jetez derrière le canapé et foncez vers la porte d'entrée.
Gros Bras n°3, alerté, vous intercepte. Comme il a pigé que vous étiez dans un état un peu instable, il choisit la stratégie de vous ligoter de ses bras et de vous soulever un peu au-dessus du sol.

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Vous lui mettez des coups de pied dans les genoux, mais ceux-ci sont aussi coqués que vos Dr Martens. C'est quoi ce Fiverr Deluxe ? Les gens dessus ne plaisantent pas du tout !

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Gros Bras n°3 demande de l'aide aux collègues pour vous maîtriser et vous retourner dans un sens qui permettra au client de vous regarder dans les yeux.
Celui-ci vous toise.
"Bon. Vous avez encore essayé de me blouser. Que croyez-vous qu'il va arriver, maintenant ?

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"Baaaah, écoutez, j'imagine que vous allez récupérer les vases puisque je vous les avais promis, et puis vous... pffffrt... pardon..."
"Quelque chose vous fait rire ?"
"Vous allez me FAIRE VIEILLIR COMME UN JAMBON HAHAHAHAHAHAHAHAHA"

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Vexé, le client rétorque :
"Un problème ?"
"Oui, vous avez pas des cachets à prendre pour améliorer votre crédibilité, mon gars ?"
Le client pointe son index et vous l'enfonce très lentement dans le front.

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"Parce que je suis d'humeur pédagogue, je vais vous apprendre une leçon. Je crie parce que je n'ai pas besoin de tempérer mon humeur ; je dis tout ce qui me passe par la tête parce que je n'ai pas besoin d'être convainquant. C'est un luxe qui vient avec L'ARGENT, PAUVRESSE."

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"'Pauvresse' pffffffrttttttt"
Vous vous étouffez dans votre propre gorge à force de rire contenu.
Le client lance des ordres :
"Attachez-la avec ce que vous trouvez, jetez-la dans la limousine, je m'en occuperai de retour à la maison."

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Les Gros Bras fouillent l'appartement à la recherche de matériel utilisable. Hélas pour eux, vous êtes un peu sous-équipée car désargentée et beaucoup de petit consommable de la baraque a été flambé par ces ENFLURES d'Ânkhefeni et Crys.

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Il vous prend une petite pensée nostalgique pour vos colocataires. Eh, ils seront bien, tous les deux, sans vous dans leurs pattes. Crys trouvera le moyen de les faire vivre avec du bricolage ; question travail, pour Ânkhefeni... un poste va justement se libérer au Pétrie...

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"Tal !!!"
Crys apparaît dans l'encadrement de la porte, essoufflée. La petite assemblée de brigands contemporains se tourne vers elle. Les lèvres révulsées, elle crie à Gros Bras n°3 :
"VOUS ???"
"Tiens, mais c'est la petite Uber Girl toute coincée", répond-t-il.

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"Vous m'avez faite virer de la plateforme !" s'indigne Crys. "Juste parce que je vous ai demandé de ne pas m'appeler "petite salope" pendant que je conduisais !!"
"Oui, j'ai l'habitude d'une meilleure qualité de service. C'est ça l'économie, petite salope ; adapte-toi ou crève."

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Crys lui met un taquet violent sous le menton, en plein sur la pomme d'Adam. Gros Bras n°3 vous lâche, préoccupé par l'état de sa gorge. Vous collez un pain à Gros Bras n°1 et un coup de Docs à Gros Bras n°2 avant qu'ils n'aient le temps de réagir, puis réalisez la situation.

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Vous êtes chez vous, là. Les gars ont votre adresse. Le client a votre adresse.
Vous n'allez pas pouvoir simplement les faire déguerpir : votre seule option, c'est de commettre plusieurs meurtres.
Vous vous prenez la tête entre les mains.

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Ce n'était pas comme ça que ça devait finir. Vous vouliez juste assurer le loyer pendant quelques temps. Vous espériez que votre colocataire chérie en serait soulagée et pourrait enfin trouver une carrière à sa hauteur. Cette histoire ne peut pas se terminer comme ça !

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"J'ai raté quelque chose ?"
Vous vous tournez vers la porte.
Ânkhefeni est là.
La résurrection a grandement aidé son apparence générale.
"Merde, il est sex, ce con", soufflez-vous à Crys.
"Oh, il l'a toujours été."

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Le client regarde Ânkhefeni.
Ânkhefeni le regarde.
"Qu'est-ce qu'il se passe encore ? C'est vous qui avez ma momie ?"
Le ressuscité lui fait un clin d’œil.
"Qu'est-ce qui se passerait si c'était le cas ?"
"Je vous l'achète ! J'en ai assez de ces négociations stupides !"

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Le client enrage :
"Tout ce que je voulais, c'était connaître le délicieux goût des momies ! Je n'ai pas demandé à ce que ça devienne violent, je paie pour un service et j'attends qu'il soit effectué correctement !"
Ânkhefeni s'approche.
"Le goût des momies..."

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Il saisit le client par le menton.
"Eh bien, dites-m'en des nouvelles."
Le baiser est soudain, furieux, et vous avez l'impression d'en sentir la chaleur d'ici.

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Vous résolvez de ne pas intervenir. Vous surveillez quand même, des fois que ça se passe mal.
Le baiser dure longtemps.
Les lèvres des deux hommes se détachent.
"Vous..." hésite le client. "Mais... comment est-ce possible ?"
"Ne troublez pas de vos questions la volonté d'Héka."

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Leur respiration prise, ils s'embrassent de nouveau, leurs mains explorant la surface de leur corps.
Les Gros Bras s'informent :
"Et sinon, on fait quoi, milord ?"
"Vous ne faites RIEN !"

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Ânkhefeni récupère le paquet de préservatifs sous la table basse, prend le client par la main, l'entraîne dans la chambre et referme la porte.

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Vous lorgnez du côté des Gros Bras.
"Bagarre ?" vous informez-vous.
"Le client a dit non", répond n°2.
Vous haussez les épaules. Crys regarde méchamment n°3. Il roule des yeux.
"Non mais c'était pas personnel tout ça, nous on est embauchés on fait des trucs, voilà."

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"Et vous allez pas revenir vous venger ?"
"Oh les petites meufs vous êtes mignonnes mais vous êtes pas le centre du monde et on n'a pas que ça à faire, moi je suis booké pour les deux mois qui viennent c'est déjà un miracle que j'aie eu un trou dans mon EDT pour l'aut' Lord là."

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Des gémissements percent à travers la porte de la chambre.
C'est la bonne sorte de gémissements, mais vous n'avez pas forcément tous ici envie d'entendre ça : vous sortez et traînez près des deux bagnoles, celle de Crys et celle du client.

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Les Gros Bras se la racontent sur la carrosserie, l'intérieur et les performances techniques de la limousine alors que ce n'est même pas la leur, une démonstration de gros-brasserie qui vous laisse pantoise.

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Crys, prise au jeu, s'écrie que sa Mini Cooper défonce n'importe quelle limousine dans une course de rue. Vous affirmez qu'elle plaisante bien qu'elle prétende le contraire, parce que vous n'avez pas besoin qu'elle se lance dans un projet pareil.

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Le client sort de votre immeuble, Ânkhefeni le tenant par l'épaule. L'aura de leur afterglow est aveuglante.
Ils s'embrassent une dernière fois.
"Quand vous reverrai-je ?"
"Oh bah y a qu'à demander, laissez-moi votre numéro je vous fais signe quand je me procure un "nokia"."

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Vous trois, les colocataires, saluez le départ du client et de ses gros bras freelance.
"Alors, la momie ?"
"Il a l'air d'y avoir pris goût."
Ânkhefeni vous attrape toutes les deux par la taille ; vous rentrez à la maison.

FIN DU CHAPITRE 12.

— @now@n 🦢 (@DoubleArobase) December 7, 2020

Épilogue ☞