News du 16/08/19












Je reviens de randonnée.


Cette randonnée m'a appris plusieurs choses.


Barres de Feed et tiers sélectif

Le saviez-vous ? La marque Feed fait sa publicité sur le fait que ses barres-repas contiennent exactement un tiers des nutriments quotidiens recommandés.

Or, le troisième jour de la randonnée, nous nous sommes rendu compte que c'était seulement vrai pour les vitamines et les oligo-éléments. Sur leur emballage, les barres Feed annonçaient ne couvrir que 20% des glucides et 15% des lipides recommandées par jour, ainsi que 40% des protéines. Et comme je n'avais pas très faim, je n'en ai mangé que trois par jour.

J'ai donc fait trois jours d'efforts intenses en ne mangeant que 60% du sucre recommandé en journée normale et 45% du gras des mêmes conditions, mais 120% de prot', soit l'équivalent d'un régime drastique par rapport à d'habitude. J'ai pour coutume de ne jamais me peser afin de ne pas développer d'idées noires sur mon poids, je n'ai donc pas de preuve de ce que j'avance, mais vu comment j'ai souffert je soupçonne que j'ai tapé dans mon tissu adipeux et qu'il va me le faire payer en me faisant yoyoyer jusqu'à la taille 50.

Bref, si à un moment je disais que les barres de Feed avaient le mérite de faciliter la consommation de repas pour les personnes avec des troubles du comportement alimentaire... Je ne suis plus si sûre de ce que j'avance, parce que ça ressemble quand même beaucoup à de la composition de bouffe de régime, tout ça.


La ZONE

Ça faisait très longtemps que je n'avais pas atteint la ZONE. Ce moment où le corps décide d'arrêter d'emmerder le monde et de fournir l'effort physique qu'on lui demande ; celui où l'esprit arrête de penser qu'on est fatigué, que ça n'a pas de sens, qu'on n'a pas besoin de faire cet effort physique, qu'on ferait mieux de rentrer à la maison... Je n'en ai pas la preuve mais je soupçonne que le bout de mon cerveau qui gère les endorphines a accidentellement renversé tout le stock dans la circulation sanguine au milieu du troisième jour de randonnée.

Ce qui veut dire que je suis toujours capable de produire des bonnes petites hormones qui font plaisir sans l'assistance de médicaments. Petite victoire !

La ZONE a eu la gentillesse de persister jusqu'au milieu de la soirée, ce qui a été plutôt sympa parce que ça m'a permis de ne pas céder au désespoir quand on a pris l'orage sur la gueule et que je n'avais pas de vêtements de pluie.


Hypothermie et communication non-alertante avec les enfants

Donc : nous sommes au milieu de l'après-midi du troisième jour et l'orage décide de tomber sur nos gueules.

Mes camarades de randonnée décident de mettre leurs vêtements de pluie. Moi, je n'en ai pas, car je suis sous-entraînée ET sous-équipée pour cette randonnée de cinq jours (qui deviendra une randonnée de quatre jours, rapport à l'orage). Il apparaît donc que nous allons tracer sous la pluie jusqu'au refuge au lieu de bivouaquer dehors comme c'était prévu.

Moi, j'ai du bol, j'ai la ZONE, et la ZONE a décidé de me soutenir dans cette épreuve d'une façon presque surnaturelle : je n'ai pas froid, je n'ai pas mal, je n'ai pas peur malgré les chemins qui se changent en rivière, je n'ai même plus mon vertige habituel, je marche parce qu'il faut marcher et je conserve ma bonne humeur.

Seulement, arrivée au refuge deux heures et demie plus tard, je suis trempée comme une soupe et je commence à me dire que c'est dangereux de garder ces vêtements dégoulinants sur moi. Plusieurs fois sur le chemin je me suis mise à trembler : j'ai demandé à mon corps d'arrêter de trembler parce que ça me déconcentrait pour marcher et il l'a fait, car tel est le pouvoir de la ZONE.

Mais là, à l'abri, je ne tremble même plus, je ne sens pas vraiment le froid à mesure que je me déshabille dehors sous le vent pour ne pas taper un strip-tease devant les gens assemblés dans le hall du refuge, et ça commence à m'inquiéter. Je file faire la queue devant la cabine de douche du refuge, habillée seulement de mon pantalon et d'une petite serviette en microfibre qui couvre le haut. Je remarque que mes doigts et mes orteils sont bleus et que des espèces de taches violettes commencent à peupler les morceaux de peau que je me vois. L'homme qui sort de la douche m'apprend que le refuge a épuisé ses réserves d'eau chaude et que l'eau est glaciale. Je ne la sens pas me refroidir quand je tente de m'asperger avec.

Je commence à soupçonner que je fais une hypothermie, même si j'ai des petits doutes : ce n'est pas censé faire tomber dans les pommes, une hypothermie ? Je me sens parfaitement réveillée et toujours dans la ZONE. Je décide d'enlever mon jean qui pèse deux kilos de plus que d'habitude à cause des deux litres de pluie qui l'imbibent et de retourner dans la chaleur du refuge habillée seulement de la serviette en microfibre.

Et là, donc, je vis un des cauchemars de mon adolescence : me retrouver quasiment nue dans un endroit où tout le monde est habillé. Mais ça n'a pas grande importance car ma conscience me dit que ce qui m'arrive ressemble quand même beaucoup à une hypothermie et que je mérite de prendre toutes les mesures nécessaires pour y remédier.

Je retourne dehors chercher des affaires non-trempées dans mon sac de rando non-étanche, et là je tombe sur la couverture de survie. Vous savez, ce bout de machin doré d'un côté et argenté de l'autre. Je me dis qu'elle peut peut-être m'aider, je reporte la recherche de vêtements secs à plus tard et je retourne dans le refuge pour m'enrouler dans la couverture de survie.

Dans le hall du refuge, il y a quelques enfants d'âges variables, accompagnés de leurs parents. Et si parents comme enfants se demandaient ce que je foutais habillée d'une serviette, le niveau d'alerte monte sensiblement quand on me voit revenir emballée dans une couverture de survie. Je lâche donc un grand : "Je suis un paquet-cadeau !" à l'intention des enfants, dont la plupart rigolent et se calment.

Fun fact : être habillée d'une simple serviette quand il fait froid et humide fait de vous une exhibitionniste qu'on tendra à ignorer, mais être habillée d'une couverture de survie quand il fait froid et humide fait de vous un objet d'alerte qui va attirer l'attention des autres randonneurs. Plein de gens sont donc venus très gentiment me proposer de me prêter des vêtements, de me recouvrir de couvertures et de me tenir compagnie le temps que ma température se réchauffe. Si certaines personnes ont dû penser que j'étais une fille bizarre dont s'éloigner, je ne leur en veux pas, c'est la nature humaine, mais beaucoup de gens ont pris du temps pour s'occuper de moi et c'était adorable de leur part.

Quand j'ai retrouvé suffisamment de vêtements secs rescapés dans mon sac, je suis partie me changer dans un bout de dortoir, utilisant la couverture de survie comme une espèce de paravent. Je bloquais alors l'accès d'un gamin à son lit du refuge ; quand il est venu le réclamer, j'ai déployé toute la pédagogie dont je suis capable pour lui expliquer sans l'alarmer que j'étais sous la pluie, que j'ai eu tellement froid que je ne sentais même plus le froid, qu'il fallait absolument que je remette des vêtements si je voulais me réchauffer et que j'allais lui rendre l'accès à son lit dans trois minutes. Ça a fonctionné et il a eu la gentillesse d'attendre sagement que j'aie fini.

Ce danger de mort peut-être pas si imminent que ça mais qui a paru très réel au moment où il arrivait était une expérience fascinante ! Je n'en ai même pas attrapé un rhume.


Dans l'ensemble

Dans l'ensemble, cette randonnée m'a appris :

  1. Qu'il ne faut pas partir sous-entraînée et sous-équipée en randonnée pendant plusieurs jours
  2. Qu'il ne faut pas partir en effort intensif avec de la nourriture de régime (et qu'il faut mieux lire les étiquettes)
  3. Que malgré les soucis il est toujours possible de découvrir de belles choses sur le paysage et sur soi-même, ainsi que de faire de jolies rencontres !


Oui mais du coup les news

... Je n'ai fait que de toutes petites avancées sur les divers trucs que j'ai à faire entre le mois dernier et la rando. Mais hey, j'ai fait une super rando !

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