Les questions sans réponses des auteurs, exemple de la taille des chapitres
L'autrice Aude Réco a refait tourner récemment un thread qu'elle avait écrit sur Twitter en mai 2019 et qui fut suivi d'un article d'approfondissement sur son site Internet :
Et si son thread (lisez-le et revenez après, sérieusement, ceci est un article de réaction) est très pertinent littérairement puisqu'il rappelle qu'un chapitre est simplement défini comme une division d'un livre et que RIEN dans la définition n'implique un nombre minimum ou maximum de mots, je trouvais qu'il ne mettait pas le doigt sur une implication de la question quand on parle d'une plateforme de publication telle que Wattpad :
La question du nombre de mots dans un chapitre n'est pas uniquement une décision littéraire, mais aussi une décision (auto-)éditoriale : combien de mots les lecteurs sont-ils prêts à lire en un seul batch, quelle taille de barre de défilement sur le côté de leur écran les fera fuir ? (Car les lecteurs deviennent des créatures aussi simples que ça quand on y réfléchit trop longtemps).
La question du nombre de mots dans un chapitre n'est pas uniquement une décision (auto-)éditoriale, mais aussi une décision marketing : est-ce que je peux publier davantage de plus petits chapitres, apparaître plus souvent dans les notifications de mes lecteurs, et ainsi les fidéliser à mon histoire ? (Car les lecteurs deviennent des créatures aussi simples que ça quand on y réfléchit trop longtemps).
Peut-on en vouloir à des auteurs de se poser ces questions au moment de publier en ligne ? Car, avouons-le, beaucoup d'entre nous espèrent être lus et désirent par conséquent adopter une forme qui plaise aux lecteurs.
Enfin, ça, ça justifie de se poser ces questions, pas de les poser à la ronde.
Mais quand on a des écrivains ne se sentent pas très sûrs d'eux, on sait très bien qu'on va se retrouver avec des gens qui cherchent à faire valider leurs décisions...
"Au secours, je suis dans le flou, aidez-moi."
Aussi, si je pense qu'il n'y a pas de réponses établies à ces questions (car même si les lecteurs étaient capables de nous dire exactement combien de mots ils veulent lire en une fois et qu'ils étaient tous d'accord, ils changeraient d'avis d'ici cinq ans) à part "choisis au hasard/choisis ce qui te paraît le mieux/choisis ce que tu préfères/débrouille-toi", je ne m'agace plus de les lire comme je le faisais sur mon vieux forum d'écriture.
Pour certaines personnes, c'est désagréable, le flou : ça suggère qu'il existe des règles implicites qu'on a refusé de nous partager et qu'on nous reprochera plus tard de ne pas avoir suivies - le reproche prenant la forme de pertes de lecteurs, de commentaires négatifs ou de railleries des pairs.
Pour d'autres personnes, ça ne peut être que le signe d'une absence de règle établie, explicite ou implicite, et la promesse d'une liberté totale dans laquelle se rouler avec allégresse.
Les unes peuvent, avec le temps, devenir les autres : c'est tout ce que je leur souhaite, car on se prend bien moins le chou comme ça.
Et si ça doit passer par la réassurance chronique auprès une communauté d'auteurs, ainsi soit-il, continuons à nous coltiner ces questions, notre ligne dans le sable étant la réponse : "Non, ne t'en fais pas, il n'y a pas de règle, fais comme tu veux, ça peut marcher, essaie et vois ce qui te convient".
Il y a un truc qui me gonfle prodigieusement et que je vois passer au moins une fois par semaine, c'est le fameux : "Mon chapitre fait X mots, vous croyez que c'est assez ou trop ?"— Aude Réco autrice (@aude_reco) May 5, 2019
Je vous explique...
Et si son thread (lisez-le et revenez après, sérieusement, ceci est un article de réaction) est très pertinent littérairement puisqu'il rappelle qu'un chapitre est simplement défini comme une division d'un livre et que RIEN dans la définition n'implique un nombre minimum ou maximum de mots, je trouvais qu'il ne mettait pas le doigt sur une implication de la question quand on parle d'une plateforme de publication telle que Wattpad :
La question du nombre de mots dans un chapitre n'est pas uniquement une décision littéraire, mais aussi une décision (auto-)éditoriale : combien de mots les lecteurs sont-ils prêts à lire en un seul batch, quelle taille de barre de défilement sur le côté de leur écran les fera fuir ? (Car les lecteurs deviennent des créatures aussi simples que ça quand on y réfléchit trop longtemps).
La question du nombre de mots dans un chapitre n'est pas uniquement une décision (auto-)éditoriale, mais aussi une décision marketing : est-ce que je peux publier davantage de plus petits chapitres, apparaître plus souvent dans les notifications de mes lecteurs, et ainsi les fidéliser à mon histoire ? (Car les lecteurs deviennent des créatures aussi simples que ça quand on y réfléchit trop longtemps).
Peut-on en vouloir à des auteurs de se poser ces questions au moment de publier en ligne ? Car, avouons-le, beaucoup d'entre nous espèrent être lus et désirent par conséquent adopter une forme qui plaise aux lecteurs.
Enfin, ça, ça justifie de se poser ces questions, pas de les poser à la ronde.
Mais quand on a des écrivains ne se sentent pas très sûrs d'eux, on sait très bien qu'on va se retrouver avec des gens qui cherchent à faire valider leurs décisions...
- Littéraires : Est-ce comme ça qu'on fait ? Ai-je écrit un chapitre qui entre dans le canon des chapitres, ou ai-je créé un monstre qui pousse mes lecteurs à m'abandonner ?
- (Auto-)Éditoriales : Est-ce que c'est la bonne taille de chapitre pour la plateforme où je suis, celle à laquelle les lecteurs sont habitués, celle qu'ils accepteront de lire d'une traite ?
- Marketings : Est-ce que c'est marketable, cette taille de chapitre ? Ou est-ce que les lecteurs veulent du plus petit, penseront que je me la ramène avec un chapitre trop long ? Ou penseront-ils que je leur trais des likes et des vues avec mes chapitres trop courts ?
"Au secours, je suis dans le flou, aidez-moi."
Aussi, si je pense qu'il n'y a pas de réponses établies à ces questions (car même si les lecteurs étaient capables de nous dire exactement combien de mots ils veulent lire en une fois et qu'ils étaient tous d'accord, ils changeraient d'avis d'ici cinq ans) à part "choisis au hasard/choisis ce qui te paraît le mieux/choisis ce que tu préfères/débrouille-toi", je ne m'agace plus de les lire comme je le faisais sur mon vieux forum d'écriture.
Pour certaines personnes, c'est désagréable, le flou : ça suggère qu'il existe des règles implicites qu'on a refusé de nous partager et qu'on nous reprochera plus tard de ne pas avoir suivies - le reproche prenant la forme de pertes de lecteurs, de commentaires négatifs ou de railleries des pairs.
Pour d'autres personnes, ça ne peut être que le signe d'une absence de règle établie, explicite ou implicite, et la promesse d'une liberté totale dans laquelle se rouler avec allégresse.
Les unes peuvent, avec le temps, devenir les autres : c'est tout ce que je leur souhaite, car on se prend bien moins le chou comme ça.
Et si ça doit passer par la réassurance chronique auprès une communauté d'auteurs, ainsi soit-il, continuons à nous coltiner ces questions, notre ligne dans le sable étant la réponse : "Non, ne t'en fais pas, il n'y a pas de règle, fais comme tu veux, ça peut marcher, essaie et vois ce qui te convient".
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