Yves et la Maîtresse des Poules, nouvelle
"La Maîtresse des Poules ressemblait exactement à une fille de basse-cour."
Yves a été enrôlé à l'École de Magie, ce mystérieux établissement scolaire qui enseigne la pratique des arts magiques. Tout va probablement bien se passer. Ou alors ce serait vraiment pas de chance.
Voici le lien de téléchargement en PDF.
Voici un lien de lecture en ligne sur Wattpad.
Voici un fichier ePub généré par Calibre à partir du PDF.
Et voici la liseuse Calaméo :
Après lecture, une question vous taraude peut-être : "Pourquoi ?"
Parlons-en.
x Le genre de l'école de magie
"L'école de magie" est une sorte de sous-genre de fantasy fondé sur, eh bien, le fait que les personnages se rendent dans un établissement d'éducation dédié à l'apprentissage des arts magiques. Il paraît que la première école de magie présentée comme telle se trouve dans le premier livre du cycle de Terremer d'Ursula Le Guin. Depuis, d'autres écoles ont fait leur apparition dans d'autres textes de fantasy.
J'avais l'impression que ce sous-genre de l'imaginaire-ci avait besoin, pour fonctionner, de bien détailler la composition de la classe magique, le planning des cours magiques, l'organigramme magique des professeurs magiques, la préparation de la kermesse magique... jusqu'à lire Haute-École, de Sylvie Denis, qui est un tome unique parvenant à condenser l'intrigue d'une trilogie au sein de ses pages. Je me suis demandé s'il y avait moyen de contracter encore le genre de l'école de magie jusqu'à le faire rentrer dans une nouvelle.
x En fait les retournements de situation c'est facile
Dans cette nouvelle, l'empilement des retournements de situation me fait rire.
Étape 1 : "Ah zut en fait le devoir-maison du personnage principal était dangereux"
Étape 2 : "Ah bah ça alors en fait le démon est plutôt sympathique"
Étape 3 : "Ah d'accord donc l'équipe pédagogique de cette école de magie est réellement dangereuse en fait"
Étape 4 : "Oh non. Oh nooon. OH NOOOOON."
Jusqu'ici tout le bêta-lectorat est bien passé par toutes les étapes de la construction de cette nouvelle bien bien manipulatrice.
x Le laisser-faire et l'encadrement
La différence entre l'approche pédagogique de l'équipe enseignante de l'École de Magie et le démon-poule à deux têtes Merveille Grandiose est assez transparente : l'École de Magie roule à l'autonomie des étudiants et, en fin de compte, à la négligence ; le kotadaimon bicéphale roule à la cajolerie qui lui permet d'obtenir le contrôle d'étudiants assoiffés d'attention et d'affection.
Est-ce que c'est une mauvaise chose de chercher à développer l'autonomie des étudiants ? Est-ce que c'est une mauvaise chose de les cajoler et de leur dire qu'ils peuvent être ce qu'ils veulent être ? Est-ce que le message c'est que tout est une mauvaise chose si c'est utilisé à de mauvaises fins ? Probablement.
Bon, aussi, une pote m'a dit "en fait c'est l'histoire d'un jeune garçon qui se fait radicaliser", et, effectivement. Néanmoins, je n'ai pas fait de recherches spécifiques sur les mécanismes de l'embrigadement de jeunes personnes rejetées par leur pays et à la recherche de leur place dans le monde, donc je ne vous recommande pas de considérer cette nouvelle de fantasy comme un bon exemple du phénomène. Il paraît que Danse avec les lutins de Catherine Dufour parle précisément de ce sujet en ayant fait les recherches qu'il faut pour ça, il faudra que je le lise un jour.
x Eh mais j'avais pas déjà écrit une nouvelle avec une apprentie sorcière moi ? (Oui)
Yves est écrit en style faux-adolescent/jeune adulte. C'est-à-dire que nous nous trouvons dans la tête d'un jeune personnage et que nous partageons ses émois sans nous moquer ouvertement de lui malgré notre âge supérieur et notre sagesse (jusqu'au moment où sa tête et ses émois se retrouvent contrôlés par une force extérieure).
Je n'avais pas encore pigé comment faire cette forme de sincérité (temporaire) en 2016 au moment de l'écriture d'Apprentissage, du coup Apprentissage est écrite dans un style ironique tout du long. La blague, c'est l'incapacité de l'héroïne adolescente à se comporter correctement en société (ladite société se trouvant être magique), pendant que tous les adultes autour d'elle essaient de l'encadrer. Cette forme d'ironie en fait plutôt une nouvelle "pour adultes, mais qui parle d'une adolescente" plutôt qu'une nouvelle "pour adolescents".
Écoutez, je ne fais pas les règles. Je les absorbe, comme une petite éponge à règles. Slurp slurp. Les maisons d'éditions font les règles à partir de tendances du marché et en les rectifiant avec quelques années de retard quand le marché ne réagit pas comme prévu. Je n'écris pas pour une maison d'éditions (et je ne le ferai probablement jamais) mais suivre des règles, ou les apprendre pour mieux les casser, c'est toujours rigolo.
Enfin tout ça pour dire que je trouve la différence flagrante entre les deux nouvelles : l'une est en empathie (haha) avec son personnage principal, l'autre s'en moque. Ça change pas mal de choses, mine de rien.
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