Promis, nouvelle
"Et qu'est-ce que je mangerai, moi ?"
Promis, homme à tout faire du peuple de la montagne, se demande si le tabou de sa culture vis-à-vis de la consommation de la viande des chèvres qu'ils élèvent pour le lait et le cuir ne serait pas fondé sur de la superstition et de l'idiotie.
Il entreprend de tester cette hypothèse de manière empirique.
Voici le lien de téléchargement en PDF.
Voici un fichier ePub généré par Calibre à partir du PDF.
Et voici la liseuse Calaméo :
Je trouve que cette nouvelle se suffit à elle-même mais sinon ci-dessous j'ai mis des trucs auxquels je pensais en l'écrivant.
x Mais du coup @now@n tu es végane ou comment ça se passe ?
Alors, non
Toutefois
Je trouve intéressantes les controverses autour de l'alimentation en général. On a besoin d'absorber des nutriments pour se nourrir, et on a besoin de former groupe avec d'autres humains qui ont également besoin d'absorber des nutriments pour se nourrir, et ça donne au fil du temps et de l'espace de la cueillette, de la chasse, de l'agriculture, de l'élevage, de la cuisine, des repas, et encore d'autres activités humaines fascinantes.
Les tabous et les obligations alimentaires ont probablement toujours existé et donné lieu à consensus ou débat selon cas, la question actuelle sur si nous devons tout mettre en œuvre pour ne plus faire reposer l'alimentation humaine sur des organismes vivants que nous savons conscients, au titre de ce que nous sommes nous-mêmes conscients et que nous n'avons pas envie d'être tués pour être mangés et qu'il est raisonnable de penser que les êtres conscients en général ont plutôt le désir de continuer à vivre que le désir de mourir, n'est que la version la plus récente d'un débat plutôt ancien (une amie me disait que les anciens grecs avaient eu un mouvement contestataire qui demandait si ce ne serait pas mieux d'arrêter de sacrifier des animaux aux Dieux).
Dans cette nouvelle, le héros souhaite ne plus respecter le tabou alimentaire autour de la viande des animaux élevés. Si cette nouvelle se déroulait dans un cadre plus contemporain, le héros en opposition avec sa société aurait plutôt envisagé de passer à une alimentation 100% végétale en la complémentant avec de la B12 de synthèse et rencontrerait le même genre de résistance au titre de la tradition ! Son réel but n'est pas de manger de la chèvre, d'ailleurs il n'aime pas tellement ça, c'est d'améliorer significativement sa vie, celle de ses pairs et celle de ses descendants.
x Les épaules des géants mais ils ont skip shoulder day
Vous avez sûrement déjà entendu parler un million de fois des Andamanais. Habitant des îles censées être "hors du monde", n'ayant accès ni au Réservoir Mondial De Matières Premières Rares Et Exotiques, ni à la Bibliothèque Mondiale d'Idées Que D'Autres Humains Ont Déjà Eues Avant. Parfois il y a des gens pour dire qu'ils doivent être les humains les moins doués du monde pour ne pas avoir de développement technologique palpable similaire au nôtre. Comme si c'était si facile.
Comment utiliser le monde autour de soi pour s'améliorer la vie quand on n'a pas d'épaules de géants sur lesquelles se hisser, quand on n'a pas d'ancêtres qui ont pu échanger des idées avec d'autres endroits dans le monde et dégager le temps d'expérimenter des choses nouvelles ? Plus ça va, plus on oublie la quantité de gens, de terres, de temps et de matières premières qu'il a fallu mobiliser pour passer du premier outil en fer au premier smartphone ; le développement technologique demande des ressources énormes ; changer le monde demande des ressources énormes.
Comme par exemple du temps (que le héros a du fait qu'il n'élève pas d'enfants à son grand âge de *regarde ses notes* entre vingt-cinq et trente-cinq ans), et des idées venues du monde extérieur (que le héros obtient du fait qu'on lui a confié la tâche de parler avec des étrangers).
La théorie veut aussi qu'il faut que le monde soit mûr pour le changement avant qu'un être humain soit en capacité de le changer ; donc c'aurait pas été le héros, c'aurait été un autre gars, dans cette génération ou la suivante. À moins que quelqu'un de la génération précédente ait trouvé un moyen plus efficace d'empêcher cette évolution de se produire, de rendre le monde moins mûr pour le changement.
x Vagueposting ethnologique
Est-ce que dans le monde réel des êtres humains véritables (contrairement à nous, créatures hybrides technologiques ayant chu de l'état de grâce qui était le nôtre dans le Jardin d'Éden depuis l'invention de l'agriculture (rhô je rigole c'est une blague)), quand on rencontre le peuple voisin de son peuple, on le décortique de la façon dont le héros de la nouvelle décortique les peuples voisins de son peuple ?
Je n'en suis pas certaine du tout.
Cependant, nous sommes dans un monde de fantasy qui n'existe pas et si je veux invoquer dans l'écriture une démarche considérant les peuples différents de nous comme les objets d'une observation assidue dans l'objectif d'en apprendre plus sur eux pour l'amour de la compréhension du monde qui nous entoure (et aucune autre raison, jamais, non non, ne vous renseignez pas, gardez vos illusions), je peux mettre mon héros dans une posture d'anthropologue du dimanche, c'est mon texte.
x Ah oui au fait j'ai oublié de vous dire
J'ai une amie (lisez-la) dont une grande partie du travail d'écriture est fondé sur la Grèce Antique - ses mythes, ses rites, ses cultures, les échos de ces cultures dans notre culture, ce que notre culture n'a pas gardé de ces cultures, etc.
Lire son travail m'a réconciliée avec le concept de réécriture - dans le sens : réécriture d'un mythe, réécriture d'une histoire déjà codifiée, etc. Bien qu'elle-même ne s'adonne pas à de la réécriture au sens strict.
Et donc, cette nouvelle, c'est une tentative d'explorer la somme des embrouilles qui arrivent au personnage de Prométhée. Je veux dire, du peu que j'ai lu : Prométhée il est là genre "Les Mortels que d'autres Dieux ont créé pour rigoler vont mal, je vais leur offrir des cadeaux et vivre parmi eux", alors il vole du feu aux Dieux pour réchauffer les Mortels et il convainc les Dieux par la ruse d'arrêter de prendre la viande des sacrifices et comme ça les Mortels peuvent mieux manger. Les Dieux essaient de le piéger en lui envoyant une femme du nom de Pandore mais ça ne prend pas. Pour ses crimes, il est condamné à se faire manger le foie tous les jours par un aigle.
Du coup, Promis c'est Prométhée, Donnée c'est Pandore, il y a du feu partout dans l'histoire, il vole la viande aux Dieux, et le reste s'ensuit. C'est excessivement réinterprété, notamment à l'aune de nos interrogations contemporaines sur si les animaux sont OK avec la situation où on les fait naître pour les manger, et à travers la question de ce que ça signifie d'être l'homme en désaccord avec tout le monde tout le temps mais d'une façon ou d'une autre c'est censé être un acte héroïque. Néanmoins, la fondation de cette réinterprétation excessive, ça reste une lecture pas très creusée de mythes grecque.
Comme je n'ai moi-même toujours pas trouvé ce sur quoi porte mon travail d'écriture, à part toutes les idioties qui me passent par la tête, je ne vais probablement pas m'adonner à l'avenir à davantage de réécritures de mythes grecs.
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