Prise par la Momie, chapitre 2

CHAPITRE 2 - An Egyptology Crash Course

Vous vous réveillez de la sieste que vous avez faite parce que se réveiller à cinq heures et demie du matin entraîne ce genre de conséquences.
Il est actuellement vingt-et-une heures.
Chié. Voilà votre horloge biologique décalée à jamais.

— @now@n 🦢 (@DoubleArobase) November 14, 2020

Que faire ?

— @now@n 🦢 (@DoubleArobase) November 14, 2020

Vous avez envisagé de prendre des amphétamines pour rester debout jusqu'à demain soir mais une plaquette non-entamée est précieuse et vous pourriez la revendre pour avoir de quoi faire les courses, maintenant que votre carrière chez Uber est terminée. Vous vous recouchez.

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Vous marchez sur le sable devant la Pyramide. Vous levez les yeux et êtes éblouie par l'éclat du soleil sur la pointe de l'édifice. Vous sentez comme une présence à vos côtés et commentez : "C'est magnifique !"

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L'autre vous répond : "La dernière demeure des pharaons est à leur image : grandiose."
Vous vous retournez vers lui. Vous ne distinguez pas son visage, pourtant vous ne pouvez pas en détacher votre regard.
"Qui êtes-vous ?"
Il répond avec retard :
"Si mon nom était prononcé..."

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Il s'interrompt. Vous le relancez :
"Quoi, votre nom ?"
"Non, ce n'est rien. Je ne suis même pas sûr de ce que je fais ici."
"En Égypte ?"
"Je devrais être devant Maât et lui donner mon cœur."

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Cette déclaration vous emplit d'une pointe de tristesse que vous ne vous expliquez pas. Vous demandez :
"C'est votre copine, Mahate ?"
"Quoi ?"
L'incompréhension mutuelle vous sort de votre rêve.

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Il est actuellement minuit et vous n'avez plus sommeil du tout. Autant vous occuper.

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Rien de tel que faire le ménage pour développer de nouvelles idées disruptives et prendre le contrôle sur soi-même, les autres et le cosmos ! En tout cas, c'est ce que disent ces formations en ligne sur l'entreprenariat que vous avez payées en Bitcoin.

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Maaaais c'est si difficile de se concentrer sur le ménage quand il y a un SARCOPHAGE dans votre salon. Vous savez quoi, vous allez couper la poire en deux et nettoyer le sarcophage.

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... qui en a bien besoin, car il est DÉGUEULASSE et a DÉGUEULASSÉ LE TAPIS AAAAAH

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Vous nettoyez le haut du sarcophage et remarquez que la pierre est creusée, une fois la poussière et la crasse retirée : curieuse, vous observez les hiéroglyphes ainsi révélés, qui ressemblent à ceci : pic.twitter.com/UUOhpv7jrd

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L'intuition vous transperce que vous devriez prononcer ces hiéroglyphes à voix haute.

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Vous sentez l'instant solennel et baissez votre voix en prononçant les mots :
"Espèce de croix avec un ballon au-dessus... Vagues avec une balle striée en-dessous ! Serpent avec des cornes, bonhomme assis avec des vagues au-dessus !"

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Rien ne se passe.
Le sentiment extérieur d'urgence qui vous a traversée s'est changé en sorte de... déception ?

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L'idée vous vient que, si vous devez prononcer des hiéroglyphes à voix haute, il faudrait probablement les prononcer comme ils se prononçaient en égyptien, DUH

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Mais comment faire pour savoir comment ça se prononce, ce machin-là ?

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Comment oublier l'admiration que vous éprouvez pour votre colocataire égyptologue ?
En buvant trop, peut-être, mais vous avez établi que vous alliez arrêter.
Vous saisissez votre téléphone portatif et composez son numéro.

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La sonnerie retentit plusieurs fois avant qu'elle ne décroche, la voix paniquée :
"Crys ? Qu'est-ce qu'il y a, la police ?"
"Salut Tal ! Non, juste, il y a un truc écrit sur le sarcophage et..."
"MEUF tu sais qu'il est MINUIT QUINZE ???"

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"Ah parce que tu dormais ?"
"... Non, je ne dormais pas. Mais j'aurais pu être avec l'acheteur ! Meuf, tu peux t'occuper toute seule quelques jours, non ?"
"Non mais il y a des hiéroglyphes sur le sarcophage et... et je... je voulais savoir comment ils se prononçaient."

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Tal lâche la mère de tous les soupirs dans le combiné puis accepte :
"OK, envoie-moi une photo."
"Euh..."
"Oh, meuf, nooooon..."

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Il se trouve que vous avez revendu votre smartphone sur Marketplace pour payer la facture d'électricité et que vous utilisez actuellement un Nokia 3310 pour téléphoner.
Un VIEUX Nokia 3310, d'avant les appareils photos intégrés aux téléphones.

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Quelles sont vos options ?

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Vous commencez à décrire les hiéroglyphes à Tal, à peu près dans les mêmes termes que vous les avez prononcés plus tôt.
Tal parvient à rendre son désespoir audible au bout du fil.
Au bout de trente minutes d'aller-retour descriptifs, elle conclut :

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"Je suppose que ça doit être... "Ânkhefeni" ?
"Ânkhefeni ?"
"Ouais, Ânkhefeni."
"Ânkhefeni..."
Le sarcophage commence à vibrer.

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La plus grande part de votre sentiment, c'est la panique. Vous êtes une citadine contemporaine et vous avez vu votre compte de film d'horreur. Vous avez peur parce que vous êtes censée avoir peur. C'est ce qui est attendu de vous.

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Mais un petit noyau d'instinct brut, au fond de votre âme ou de votre cœur, affirme que ce qui advient ici n'est que ce qui devait advenir, et que les seuls sentiments qui conviennent sont la paix de l'esprit et l'émerveillement.

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Tal est toujours au bout du fil ; vous devriez faire quelque chose à ce sujet.

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"Allô ? Crys ! Allô ?!"
Vous remettez le Nokia à votre oreille. Difficile d'expliquer, alors vous laissez votre cœur parler et voici ce qu'il choisit de dire :
"Cette nuit est un miracle, car Ânkhefeni est ressuscité."
Vous raccrochez.

FIN DU CHAPITRE 2.

— @now@n 🦢 (@DoubleArobase) November 14, 2020

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