Prise par la Momie, chapitre 7

Vous connaissez l'exercice.
Les chapitres 7 et 8 auront lieu du point de vue de :

— @now@n 🦢 (@DoubleArobase) November 20, 2020

CHAPITRE 7 : Home Is Where The Heart Goes On

Vous ouvrez les yeux.
Devant vous, accoudé sur l'oreiller, Ânkhefeni vous regarde avec un sourire mystérieux aux lèvres.

— @now@n 🦢 (@DoubleArobase) November 23, 2020

Vous entamez une danse de la joie discrète et allongée : vous vouliez vérifier si tout ceci n'était pas un rêve et, apparemment, ce n'en est pas un.

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Quelle journée, vos aïeux. Quelle semaine, même !
Il y a vingt-quatre heures, vous désespériez au fond de votre lit puis découvriez que votre colocataire a cambriolé le British Museum.
Il y a quarante-huit heures, vous vous faisiez une prise de judo à un client bourré...

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... et perdiez, conséquemment, votre contrat avec Uber.
Il y a environ quatre heures, vous assistiez au miracle de la résurrection d'un ancien égyptien.

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Actuellement, vous avez épuisé les stocks de gants en latex, de digues dentaires et de film alimentaire de la maison.
Eh, vous n'aimez pas abuser des superlatifs mais tout ça sort de l'ordinaire ; est-ce une exagération de décrire tout ça comme "extraordinaire" ?

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"À quoi penses-tu ?" vous demande Ânkhefeni.
"À toi."
"Ooooh."
Vous frottez le bout de votre nez contre la zone de bandages entre ses yeux et sa bouche.

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Votre téléphone sonne.
C'est maman.

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Votre mère appelle pour tout un spectre de bonnes raisons : parfois, c'est parce qu'elle a vu un très beau caillou dans le jardin de sa voisine ; parfois, c'est parce que votre cousin a spontanément pris feu et a été emmené à l'hôpital.

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Ne pas décrocher devenant dès lors un jeu dangereux, vous prenez l'appel.
"Hello, mummy ?"
Ânkhefeni hausse un sourcil. Vous lui faites signe de la main que ce n'est pas ce qu'il croit.

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"Crystal, mon petit amour, je suis si contente de t'avoir au téléphone, tu sais que comme tu m'as dit que tu avais des horaires décalés j'ai mis mon réveil plus tôt pour pouvoir t'avoir ?"

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Votre maman continue :
" Je ne commence pas à la conserverie avant huit heures, les copines vont voir mes cernes elles vont rigoler !"
De temps en temps votre maman vous inquiète parce que vous êtes presque sûre que la conserverie où elle était ouvrière a fermé il y a dix ans.

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"Et toi mon petit pain au miel ? Tu ne dis rien, comment ça va, qu'est-ce qu'il se passe dans ta vie ?"
Oh... Que mentionner ? Vous commencez par :

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Vous voyez deux sujets importants :
1] cette histoire de conserverie pour laquelle votre mère croit toujours travailler ;
2] l'arrivée d'Ânkhefeni dans votre vie, ça fait toujours plaisir à votre maman quand elle croit que vous sortez avec quelqu'un.

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Aborder avec ses parents le sujet de leur potentielle démence est un acte d'une extrême délicatesse. Vous commencez donc :
"Maman, la conserverie a fermé il y a dix ans, tu ne serais pas en train de débloquer ?"
Un silence.

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"Crystal Isis-Jessica Kaitlyn Jones, nous avons déjà eu cette conversation..."
Quoi ? Ça ne vous dit rien du tout.
Vous n'avez pourtant pas de problèmes de mémoire.
Ce n'est pas comme si ça vous avait pris quinze minutes pour vous rappeler de votre nom complet après une cuite.

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*Smith
(les aléas du direct) https://t.co/tjUt6FqVkt

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Votre mère poursuit :
"Les salauds de patrons voulaient fermer le site alors qu'on s'en sortait très bien, mais nous avons lutté, nous avons mis des fonds de côté et nous nous sommes constitués en coopérative pour sauver la conserverie."

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Salauds... de patrons ? Coo... pérative ?
"Mais... Maman... Ce que tu décris là... On dirait..."
"Du communisme ? Oui mon cœur, en quelque sorte : on s'est réapproprié nos moyens de production et on les gère entre travailleurs. Tu sais, le socialisme anglais a une longue hist..."

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Vous poussez un hurlement instinctif, viscéral, terrifié.
Un coup sourd retentit : c'est Tal qui a jeté une de ses Dr. Martens contre la porte.
Vous vous effondrez en sanglots.

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Après avoir bien pleuré, vous n'êtes plus très sûre de ce qui vient de se produire ; tout est flou.
"Maman ? De quoi on était en train de parler ?"
Au bout du fil, votre maman soupire.
"De rien, mon petit amour. De rien du tout. Sinon, quoi de neuf ?"

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Vous jetez un regard à Ânkhefeni.
Il vous dévisage d'un air inquiet.
Vous lui faites signe que vous allez très bien.
"Oh, eh bien, il y a un garçon dans ma vie, voilà, tu aimes bien savoir ce genre de choses alors j'en parle."

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"Ah, bien. Pour t'amuser ou pour te caser enfin ?"
Fichtre, votre mère commence à y voir trop clair dans vos non-dits.
"Je ne sais pas, la vie est si pleine de surprises, qui peut prédire ?" mentez-vous.

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"Et comment il s'appelle, ce garçon ?"

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"Ân.... Hank. Il s'appelle Hank."
"Quoi ? Mais il a soixante ans ? Qui s'appelle Hank, à vos âges ?"
Ânkhefeni intervient :
"C'est de moi que vous parlez ?"
"Euh..."
La momie vous prend le téléphone dans la main et imite votre façon de placer le Nokia sur le côté de sa tête.

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"Bonjour. Je tiens à rectifier un fait important. Mon nom est Ânkhefeni, général dans l'armée de Pharaon et amant réputé d'un bout à l'autre des Deux-Terres. À qui donc suis-je en train de parler à l'aide de cet artefact magique ?"

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Vous reprenez le téléphone et utilisez la première explication qui vous passe par la tête :
"C'est un jeu de rôles dans le cadre du sexe autrement normal que nous avons l'un avec l'autre Hank et moi désolée du dérangement maman je t'aime très fort bonne journée !"

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"Mais... attends mon petit lapinou ! Ne raccroche pas comme ça !"
Vous résistez un peu plus longtemps à votre impulsion de vous écrouler en un petit tas de honte.
"Oui maman ?"
"Et ça va, elle n'est pas trop jalouse, l'espèce de lesbienne avec qui tu vis ?"

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"Maman ! Déjà, je te signale que Tal n'est pas lesbienne du tout : d'après le quiz en ligne que je lui ai fait faire, elle est demisexuelle panromantique !"
La deuxième Dr. Martens de votre colocataire vient taper votre porte.
"Arrête de dire aux gens que je suis pas lesbienne !"

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"Ça a l'air compliqué la colocation" commente votre maman.
"Non, vraiment, pas tant que ça."
"Peut-être que tu serais plus heureuse en vivant en couple par exemple, je dis ça."
"Mais maman "vivre en couple" c'est basiquement de la colocation avec un seul lit ?"

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Votre mère soupire.
"Ce n'est pas grave. Oublie ça. De quoi je me mêle, c'est vrai ? Je suis sûre que tu es assez maligne pour savoir ce que tu dois faire. Tu sais, on a toujours pensé que tu ferais de grandes choses, ton père et moi. Bon, on n'a pas encore compris lesquelles..."

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Vous souriez. C'est difficile de se tailler une place sur le marché, mais vous aussi, vous pensez que vous ferez de grandes choses sans avoir encore compris lesquelles : vous y arriverez, coûte que coûte.

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La conversation prend fin là. Vous raccrochez conjointement avec votre maman.
Que décidez-vous de faire ensuite ?

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Tal voulait dormir et, visiblement, vous l'avez dérangée en téléphonant. C'est une contravention brutale au contrat tacite de la colocation.

Vous lui devez des excuses et allez lui en donner.

FIN DU CHAPITRE 7.

— @now@n 🦢 (@DoubleArobase) November 23, 2020

Chapitre 8 ☞