Mes vieux projets d'étudiante
Je voulais vous écrire un article sur le champ magnétique de la Terre, puis, par hasard, mardi, j'ai lu cet article-ci qui est absolument parfait et n'a besoin d'aucun ajout de ma part. À ceci près qu'il est en anglais, j'en ferai peut-être une petite traduction illégale qui va bien mais pas maintenant.
Du coup, je me vois contrainte et forcée par ma propre éthique de travail d'écrire un article sur un tout autre sujet.
Un comportement récurrent (mais pas systématique) qui me fascine lorsque j'interagis avec des docteurs en science - surtout des gens qui ont eu leur doctorat il n'y a pas très longtemps - est leur parfois extrême spécialisation qu'ils refusent d'étendre à des sujets connexes, même en discutant entre amis.
Pour vous donner une idée de ce que ça donne, imaginez quelqu'un répondre à une question pas très sérieuse sur la physiologie des homards par : "Quoi ? Non, non, tu as mal compris. J'ai fait ma thèse sur la physiologie des crabes araignées. Je ne peux rien te dire sur les homards, je n'y connais rien, je ne ferais que t'induire en erreur."
Bien sûr, je comprends cette attitude : personne ne veut propager de fausses idées. Mais en tant que masterisante n'étant pas ensuite passée par la thèse, je suis restée dans mes certitudes très Bac+5 que j'en sais pas mal, ou au moins plus que la moyenne des français, sur les disciplines que j'ai étudiées et qu'à ce titre je peux au moins essayer d'aiguiller la personne en face de moi vers une réponse.
Pour vous donner une idée de la variété de ce qu'on nous fait faire en études supérieures, histoire que vous compreniez d'où viennent ces certitudes très Bac+5, je voulais revenir sur les petits projets d'étude à la noix que j'ai pu accumuler. (Comme ça j'ai une excuse pour les ressortir de mes cartons virtuels.)
J'ai également effectué des stages de recherche et professionnels mais, ceux-ci ayant plus de contenu, si j'en parle un jour, ce ne sera pas aujourd'hui.
Travail de recherche biblio sur les traitements de la migraine
OK, alors : je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, dans le dossier de mon premier semestre il y a plusieurs brouillons d'un rapport sur les traitements de la migraine. Y compris une partie sur l'acupuncture. Je l'avais complètement oublié.
On a donc un fichier moche qui mesure dix pages, et son résumé en deux pages. Je n'ai malheureusement pas noté les sources (ça m'arrivait régulièrement à l'époque), et je trouve plusieurs blagues dedans (ça m'arrive régulièrement aujourd'hui). Je note aussi que c'est probablement à cette époque que j'ai appris le mot "prostaglandine" qui désigne des dérivés d'acides gras de la paroi des cellules, soupçonnés à l'époque d'avoir une incidence sur les crises migraineuses, et que je retrouve dans un exercice d'écriture automatique bien postérieur.
À la réflexion, j'avais peut-être déjà des cours de pharmacologie au premier semestre : ce premier travail s'inscrirait bien dedans.
Pas grand-chose à dire à part que ce devait être projet de type exposé + rapport bateau en binôme (ça expliquerait pourquoi je n'ai que la partie 3 sur mon disque dur) histoire de nous apprendre à faire des recherches et nous organiser en groupe, et de nous pousser à découvrir de nouveaux sujets (parce que beaucoup d'étudiants qui débarquent à la fac ne savent pas dans quoi se spécialiser, ou changent d'avis en cours de route !)
Projet pro, première année
Deuxième semestre, j'ai à peine dix-huit ans et je suis bloquée sur ce projet flou qui m'a fait aller en fac de sciences : "faire de la recherche pour soigner les gens parce que c'est le seul truc qui m'a l'air louable à faire dans la vie (mais j'ai peur d'échouer en fac de médecine)".
Et regardez-moi aujourd'hui : j'ai un blog. La réussite est totale.
Du coup là-dedans il y a l'interview de deux docteurs que... que j'appelle "madame" tout du long. Oh la vache. La honte.
Citations choisies :
Relisant ce rapport, je m'aperçois que l'inadéquation de ma personnalité avec les nécessités du métier d'enseignant-chercheur était flagrante dès ma première année. Eussé-je joui d'une personnalité plus affirmée et moins passive, j'aurais compris mon erreur beaucoup plus tôt et me serais concentrée sur la recherche d'un projet pro plus adapté. C'était probablement d'ailleurs le but de l'exercice et la raison pour laquelle on nous l'a donné.
C'est triste. Je voulais rédiger un article rigolo, pas triste. Passons à la suite.
Quelques comptes-rendus de TP
Au troisième semestre (deuxième année donc), pas de traces d'un projet type "exposé". Mais un fichier résumant des travaux pratiques, dont un posant cette question :
Ainsi découvris-je (et vous partagé-je) deux réalités importantes de la chimie organique :
Des exposés
Semestre 4 : j'ai deux powerpoint dans mes cartons qui commencent à ressembler à de la chimie, un peu.
Le premier étudie la structure de l'AZT (azidothymidine), l'un des premiers médicaments utilisés dans la lutte contre le SIDA : c'était peut-être encore une fois un exposé de pharmacologie, mais la partie synthèse est un peu trop développée pour ça. Je ne me souviens plus. Le PPT fait 3 slides, pèche par absence d'esthétique et manque affreusement de sources.
Le second était sur deux molécules (et, ça va sans dire, leur application pour la fabrication de nyon) : le caprolactame et l'acide adipique. Je me souviens qu'il s'agissait d'un exposé en binôme et que je l'ai fait toute seule parce que le groupe de TD était en nombre impair (RT si c'est triste).
J'en suis un peu fière, même s'il manque de SOURCES et que si je devais écrire un article sur le sujet je revérifierais toutes mes infos. J'ai refait tous les schémas plutôt que de les repomper sur Google Images, ça j'en suis certaine, mais j'ai dû avoir un modèle pour les mécanismes réactionnels.
De toute évidence, le but était de nous faire faire des recherches bibliographiques et appliquer tout le bordel qu'on nous faisait ingurgiter en cours. Dans mon souvenir, ça fonctionnait bien. Je crois qu'on m'a félicitée pour le deuxième, mais je ne voudrais pas trop m'avancer.
Projet pro, le retour
Cinquième semestre, début de la troisième année. Encore une fois, rapport de projet pro, et plusieurs points me sautent à la figure :
Travaux pratiques
Mes comptes-rendus de TP individuels rédigés en licence l'ont été sur support informatique, ce qui est chouette puisque ça veut dire que je les ai encore.
... Malheureusement, toutes les illustrations sont devenues blanches car elles dépendaient d'un logiciel extérieur.
J'ai pas mal les boules.
Quelques citations rigolotes qui m'ont sûrement valu des points en moins :
C'était beau, tiens.
C'était l'apprentissage de comment relater ses expériences scientifiques, puisque dans un labo de recherche vous devez vous souvenir de ce que vous avez fait, tout le temps, et permettre à ceux qui viendront après vous de comprendre quelles expériences ont déjà été tentées et quel a été leur résultat, tout le temps.
Et apparemment, je n'apprenais pas très vite.
Rapport de TP de chimie supramoléculaire
Je suis entrée en Master et j'ai donc fait un septième semestre. Confère le projet pro de la troisième année : je voulais partir, je suis finalement restée à Bordeaux. Encore une fois, mon caractère peu affirmé est à blâmer.
Pendant ce septième semestre, petit projet d'études et série de TPs : la synthèse et l'étude d'une tennis ball, un complexe supramoléculaire qui forme une coquille autour d'une petite molécule et la garde prisonnière. Le prisonnier-phare de la tennis ball, c'était le méthane, mais la conclusion de mon rapport est que tenter de faire baisser la concentration atmosphérique en méthane avec cette méthode coûterait cher en tennis ball.
Là où c'est intéressant de créer des molécules qui en capturent d'autres sans réagir chimiquement avec elles, c'est qu'on peut les envisager comme un moyen de transport ! C'est une bonne idée si je veux apporter un médicament à un endroit précis du corps mais que :
Après toute la médiocrité ironique de ma licence, ça fait un peu plaisir.
Vous savez quoi ? Ce rapport-là, je sens que je vais le transformer en article un de ces quatre.
Une petite présentation en anglais
Semestre 8, soit le deuxième de la première année de Master ! Je retrouve dans mes cartons une présentation PPT et un abstract tous deux rédigés et présentés in english please. Il s'agit d'un résumé d'un article sur l'utilisation du dioxyde de carbone (ou carbone daïoxaïde) ; il n'y a pas de travail de biblio ou d'expérimentation derrière, la pratique de l'anglais est au cœur de l'exercice.
C'est comme l'exercice du semestre 4 (cf "Des exposés"), mais avec le degré de difficulté supplémentaire que ça ne se présente pas dans la langue de Lavoisier ! (Chut, Molière était pas chimiste).
Plein de projets à côté
Neuvième semestre, dernière ligne droite avant le stage de master, plusieurs choses à faire :
Le sujet en était la testostérone, d'autres molécules apparentées, et leur interaction sur le récepteur androgène, c'est-à-dire le tout petit bout à l'intérieur de vous qui réagit quand l'une de ces molécules lui saute dessus.
Le rapport avait ceci de rigolo qu'on avait la consigne de le mettre en page comme une publication ! C'était vraiment une bonne idée et j'espère qu'elle a été perpétuée.
Je crois - je ne suis pas sûre - que ma note n'était pas trop dégoûtante.
En revanche j'ai eu une mauvaise note à mon rapport de Nanosciences appliquées. Je ne sais pas trop pourquoi, il ne devait pas être à la hauteur de ce qui était attendu.
Le sujet avait un rapport avec la mise en contact de matériaux artificiels et de l'intérieur de notre corps. Si vous vous collez un truc dans un endroit imprévu (un clou dans la tête, une prothèse de hanche dans la hanche, etc.) votre corps va réagir en essayant de l'isoler : une couche de protéines va se former dessus. Ce n'est pas un problème si le travail de l'objet est simplement d'être là, mais ça en devient un s'il est censé rester en contact avec votre organisme.
C'est le cas des capteurs : un capteur doit capter, typiquemet afin de déterminer derrière le taux de quelque chose dans votre sang, et s'il se recouvre d'une couche de beurk il ne peut plus faire son boulot.
Le rapport visait donc à effectuer un état des lieux des méthodes utilisées pour empêcher les capteurs d'accumuler cette couche de protéine emmerdante au fur et à mesure de leur utilisation.
J'ai évoqué le Teflon en expliquant pourquoi ça avait été envisagé mais fonctionnait moyennement. Peut-être que c'est ça qui m'a plombé ma note ; on ne m'aura pas prise au sérieux.
Conclusion de cet article trop long
Comme je vous disais au début : en sciences, on est encouragés à voir plein de choses afin de devenir un parfait professionnel au laboratoire capable de se concentrer sur un seul sujet pendant plusieurs années. Étrange, et pourtant pas tant que ça.
Pour vous dire : quoi que vous fassiez dans votre vie, n'oubliez pas tout ce que vous savez faire, n'oubliez pas votre capacité à apprendre et comprendre, et n'oubliez pas de rester relax. Je veux dire, regardez ces comptes-rendus de TP, vous ne pouvez pas faire pire. Autant que possible, forgez-vous une vie personnelle et professionnelle où votre cerveau est convenablement stimulé et pas malheureux.
Ah mince, cet article se finit encore en développement personnel, vite, je dois redresser la barre !
Dans un prochain article nous parlerons peut-être de comment j'ai fabriqué des neurotoxines mortelles pour l'armée (vous ne verrez plus le bassin d'Arcachon du même œil) ou de comment j'ai essayé de sauver des souris de laboratoire avec une simulation informatique (forte probabilité d'occurrence du mot "positon"). À bientôt !
Du coup, je me vois contrainte et forcée par ma propre éthique de travail d'écrire un article sur un tout autre sujet.
Un comportement récurrent (mais pas systématique) qui me fascine lorsque j'interagis avec des docteurs en science - surtout des gens qui ont eu leur doctorat il n'y a pas très longtemps - est leur parfois extrême spécialisation qu'ils refusent d'étendre à des sujets connexes, même en discutant entre amis.
Pour vous donner une idée de ce que ça donne, imaginez quelqu'un répondre à une question pas très sérieuse sur la physiologie des homards par : "Quoi ? Non, non, tu as mal compris. J'ai fait ma thèse sur la physiologie des crabes araignées. Je ne peux rien te dire sur les homards, je n'y connais rien, je ne ferais que t'induire en erreur."
Bien sûr, je comprends cette attitude : personne ne veut propager de fausses idées. Mais en tant que masterisante n'étant pas ensuite passée par la thèse, je suis restée dans mes certitudes très Bac+5 que j'en sais pas mal, ou au moins plus que la moyenne des français, sur les disciplines que j'ai étudiées et qu'à ce titre je peux au moins essayer d'aiguiller la personne en face de moi vers une réponse.
Pour vous donner une idée de la variété de ce qu'on nous fait faire en études supérieures, histoire que vous compreniez d'où viennent ces certitudes très Bac+5, je voulais revenir sur les petits projets d'étude à la noix que j'ai pu accumuler. (Comme ça j'ai une excuse pour les ressortir de mes cartons virtuels.)
J'ai également effectué des stages de recherche et professionnels mais, ceux-ci ayant plus de contenu, si j'en parle un jour, ce ne sera pas aujourd'hui.
Travail de recherche biblio sur les traitements de la migraine
OK, alors : je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, dans le dossier de mon premier semestre il y a plusieurs brouillons d'un rapport sur les traitements de la migraine. Y compris une partie sur l'acupuncture. Je l'avais complètement oublié.
On a donc un fichier moche qui mesure dix pages, et son résumé en deux pages. Je n'ai malheureusement pas noté les sources (ça m'arrivait régulièrement à l'époque), et je trouve plusieurs blagues dedans (ça m'arrive régulièrement aujourd'hui). Je note aussi que c'est probablement à cette époque que j'ai appris le mot "prostaglandine" qui désigne des dérivés d'acides gras de la paroi des cellules, soupçonnés à l'époque d'avoir une incidence sur les crises migraineuses, et que je retrouve dans un exercice d'écriture automatique bien postérieur.
À la réflexion, j'avais peut-être déjà des cours de pharmacologie au premier semestre : ce premier travail s'inscrirait bien dedans.
Le résumé en deux pages. Je pense qu'aucune de ces infos n'est inédite et que pas mal doivent être dépassées. |
Projet pro, première année
Deuxième semestre, j'ai à peine dix-huit ans et je suis bloquée sur ce projet flou qui m'a fait aller en fac de sciences : "faire de la recherche pour soigner les gens parce que c'est le seul truc qui m'a l'air louable à faire dans la vie (mais j'ai peur d'échouer en fac de médecine)".
Et regardez-moi aujourd'hui : j'ai un blog. La réussite est totale.
Du coup là-dedans il y a l'interview de deux docteurs que... que j'appelle "madame" tout du long. Oh la vache. La honte.
Citations choisies :
Pourquoi j'ai pas changé de voie avant ? |
Pourquoi j'ai pas changé de voie avant ?? |
Pourquoi j'ai pas changé de voie avant ??? |
C'est triste. Je voulais rédiger un article rigolo, pas triste. Passons à la suite.
Quelques comptes-rendus de TP
Au troisième semestre (deuxième année donc), pas de traces d'un projet type "exposé". Mais un fichier résumant des travaux pratiques, dont un posant cette question :
Ainsi découvris-je (et vous partagé-je) deux réalités importantes de la chimie organique :
- La plupart des produits qu'on synthétise sont des huiles jaunâtres et des cristaux blancs ;
- En matière de pureté, Cristaux blancs > Huile jaune. Toujours.
Des exposés
Semestre 4 : j'ai deux powerpoint dans mes cartons qui commencent à ressembler à de la chimie, un peu.
Le premier étudie la structure de l'AZT (azidothymidine), l'un des premiers médicaments utilisés dans la lutte contre le SIDA : c'était peut-être encore une fois un exposé de pharmacologie, mais la partie synthèse est un peu trop développée pour ça. Je ne me souviens plus. Le PPT fait 3 slides, pèche par absence d'esthétique et manque affreusement de sources.
Et je ne connaissais pas le caractère spécial "flèche", apparemment. |
J'en suis un peu fière, même s'il manque de SOURCES et que si je devais écrire un article sur le sujet je revérifierais toutes mes infos. J'ai refait tous les schémas plutôt que de les repomper sur Google Images, ça j'en suis certaine, mais j'ai dû avoir un modèle pour les mécanismes réactionnels.
Encore une fois, l'esthétique c'était pas ça. |
Projet pro, le retour
Cinquième semestre, début de la troisième année. Encore une fois, rapport de projet pro, et plusieurs points me sautent à la figure :
- Je n'ai pas appris ma leçon en première année, peut-être encouragée par mon amour de la discipline (cf le powerpoint Caprolactame et Acide Adipique que j'ai pris beaucoup de plaisir à faire, et tous mes rapports de TP, les TP étaient cools).
- Je parle de moi à la troisième personne, un tic de langage qui m'aura longtemps collé à la peau (car un rapport doit être IMPERSONNEL).
- Oh bon sang c'est vrai, je voulais quitter Bordeaux pour me spécialiser et j'y ai renoncé parce que ma mère a piqué une crise à l'idée que je déménage.
Ha ha ha "équivalent ingénieur en laboratoire de recherche" ma pauvre chérie si tu savais. |
Travaux pratiques
Mes comptes-rendus de TP individuels rédigés en licence l'ont été sur support informatique, ce qui est chouette puisque ça veut dire que je les ai encore.
... Malheureusement, toutes les illustrations sont devenues blanches car elles dépendaient d'un logiciel extérieur.
J'ai pas mal les boules.
Quelques citations rigolotes qui m'ont sûrement valu des points en moins :
"Ben quoi, ça ressemble à une patate, je ne vois pas le problème à utiliser ce mot-là dans un rapport sérieux" |
Tout le monde déteste le sarcasme, mais je pense qu'ici c'était plus du remplissage faute de savoir comment conclure. |
Je crois que je me sentais tellement pas légitime à écrire des comptes-rendus que j'essayais de dédramatiser. |
Pourquoi j'ai collé mon nez là-dessus ? Je ne sais même plus. Je crois que je cherchais un moyen de différencier les deux liquides huileux, c'était un TP qui consistait à les séparer. |
Vous qui lisez, sachez ceci : un compte-rendu de TP n'est pas l'endroit où faire de l'ironie. |
♫ Destituééééééééée ♪ |
Là c'est pas une blague, c'est juste la grosse lose et vous pouvez vous moquer. |
ON AVAIT DIT PAS LE SARCASME |
C'était l'apprentissage de comment relater ses expériences scientifiques, puisque dans un labo de recherche vous devez vous souvenir de ce que vous avez fait, tout le temps, et permettre à ceux qui viendront après vous de comprendre quelles expériences ont déjà été tentées et quel a été leur résultat, tout le temps.
Et apparemment, je n'apprenais pas très vite.
Rapport de TP de chimie supramoléculaire
Je suis entrée en Master et j'ai donc fait un septième semestre. Confère le projet pro de la troisième année : je voulais partir, je suis finalement restée à Bordeaux. Encore une fois, mon caractère peu affirmé est à blâmer.
Pendant ce septième semestre, petit projet d'études et série de TPs : la synthèse et l'étude d'une tennis ball, un complexe supramoléculaire qui forme une coquille autour d'une petite molécule et la garde prisonnière. Le prisonnier-phare de la tennis ball, c'était le méthane, mais la conclusion de mon rapport est que tenter de faire baisser la concentration atmosphérique en méthane avec cette méthode coûterait cher en tennis ball.
Là où c'est intéressant de créer des molécules qui en capturent d'autres sans réagir chimiquement avec elles, c'est qu'on peut les envisager comme un moyen de transport ! C'est une bonne idée si je veux apporter un médicament à un endroit précis du corps mais que :
- J'ai besoin d'empêcher l'organisme de le détruire avant qu'il ait atteint sa cible ;
- Il n'a pas les bons paramètres physico-chimiques pour entrer dans l'organisme (pensons aux médicaments pris par voie orale qui doivent franchir la barrière de l'intestin grêle pour rejoindre le flux sanguin).
Et des belles modélisations faites maison, je vais pleurer |
Vous savez quoi ? Ce rapport-là, je sens que je vais le transformer en article un de ces quatre.
Une petite présentation en anglais
Semestre 8, soit le deuxième de la première année de Master ! Je retrouve dans mes cartons une présentation PPT et un abstract tous deux rédigés et présentés in english please. Il s'agit d'un résumé d'un article sur l'utilisation du dioxyde de carbone (ou carbone daïoxaïde) ; il n'y a pas de travail de biblio ou d'expérimentation derrière, la pratique de l'anglais est au cœur de l'exercice.
Ce qui est bizarre, c'est que je connaissais déjà le caractère spécial "flèche". |
Plein de projets à côté
Neuvième semestre, dernière ligne droite avant le stage de master, plusieurs choses à faire :
- Un rapport biblio et expérimental sur les liens des dérivés de la testostérone au récepteur androgène pour le cours de Modélisation ;
- Un rapport biblio sur les méthodes permettant de limiter l'adhésion non-spécifique sur la surface d'un capteur pour le cours de Nanosciences appliquées ;
- Le rapport biblio pré-stage que je n'évoquerai pas ici.
Le sujet en était la testostérone, d'autres molécules apparentées, et leur interaction sur le récepteur androgène, c'est-à-dire le tout petit bout à l'intérieur de vous qui réagit quand l'une de ces molécules lui saute dessus.
Le rapport avait ceci de rigolo qu'on avait la consigne de le mettre en page comme une publication ! C'était vraiment une bonne idée et j'espère qu'elle a été perpétuée.
D'où une mise en page rigolote sur deux colonnes ! |
Je crois - je ne suis pas sûre - que ma note n'était pas trop dégoûtante.
En revanche j'ai eu une mauvaise note à mon rapport de Nanosciences appliquées. Je ne sais pas trop pourquoi, il ne devait pas être à la hauteur de ce qui était attendu.
Le sujet avait un rapport avec la mise en contact de matériaux artificiels et de l'intérieur de notre corps. Si vous vous collez un truc dans un endroit imprévu (un clou dans la tête, une prothèse de hanche dans la hanche, etc.) votre corps va réagir en essayant de l'isoler : une couche de protéines va se former dessus. Ce n'est pas un problème si le travail de l'objet est simplement d'être là, mais ça en devient un s'il est censé rester en contact avec votre organisme.
C'est le cas des capteurs : un capteur doit capter, typiquemet afin de déterminer derrière le taux de quelque chose dans votre sang, et s'il se recouvre d'une couche de beurk il ne peut plus faire son boulot.
Le rapport visait donc à effectuer un état des lieux des méthodes utilisées pour empêcher les capteurs d'accumuler cette couche de protéine emmerdante au fur et à mesure de leur utilisation.
J'ai évoqué le Teflon en expliquant pourquoi ça avait été envisagé mais fonctionnait moyennement. Peut-être que c'est ça qui m'a plombé ma note ; on ne m'aura pas prise au sérieux.
Conclusion de cet article trop long
Comme je vous disais au début : en sciences, on est encouragés à voir plein de choses afin de devenir un parfait professionnel au laboratoire capable de se concentrer sur un seul sujet pendant plusieurs années. Étrange, et pourtant pas tant que ça.
Pour vous dire : quoi que vous fassiez dans votre vie, n'oubliez pas tout ce que vous savez faire, n'oubliez pas votre capacité à apprendre et comprendre, et n'oubliez pas de rester relax. Je veux dire, regardez ces comptes-rendus de TP, vous ne pouvez pas faire pire. Autant que possible, forgez-vous une vie personnelle et professionnelle où votre cerveau est convenablement stimulé et pas malheureux.
Ah mince, cet article se finit encore en développement personnel, vite, je dois redresser la barre !
Dans un prochain article nous parlerons peut-être de comment j'ai fabriqué des neurotoxines mortelles pour l'armée (vous ne verrez plus le bassin d'Arcachon du même œil) ou de comment j'ai essayé de sauver des souris de laboratoire avec une simulation informatique (forte probabilité d'occurrence du mot "positon"). À bientôt !
Mais du coup c'était quoi le nom de ta filière?
RépondreSupprimerLicence de chimie, Master de chimie moléculaire et macromoléculaire.
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