Je comprends que mon geste heurte tes sentiments, qu’il enfreigne la politesse, mais je t’en prie, ma sœur, mon amie, écoute mes paroles et comprends ma décision.
Une vision m’a été révélée. J’ai vu la cité en flammes des deux côtés de la rue où je marchais d’un pas lent et lourd. La fumée noire de l’incendie irritait mes paupières et asséchait mes yeux mais je ne cillais pas. J’ai arpenté longtemps l’asphalte qui cloquait sous mes pieds nus, je sentais mes callosités brûler sous son assaut ardent, et je n’en avais cure, car dans ma vision je me remémorais que j’avais déjà vu tout ceci et je n’espérais plus en changer le dénouement.
Au bout de ma longue marche je vis ton fils, mon neveu chéri, debout sur un tas de voitures et de lampadaires calcinés qui se dressait sur la rue comme un trône infernal. Il s’y tenait, ses vêtements tachés du sang de la multitude lui créant un habit rouge. Une couronne de barbelés enlaçait étroitement son front. Il me toisa depuis son piédestal et m’envoya un sourire mauvais, une grimace plutôt, de la joie mauvaise aux idées jumelles que je contemplais son triomphe et qu’il m’assassinerait bientôt.
Dans sa main droite il tenait une de ces bouteilles qu’on enflamme au gazole. Elle brûlait déjà ; il la jeta de côté et le souffle de son explosion me calcina davantage la joue. Autour de sa main gauche s’enroulait une laisse. Il la tira pour ramener à lui un énorme molosse, un chien au dos noir et à la gueule rouge, aux longues dents blanches maculées d’écarlate.
« Tiens mon chien, voilà la chienne », dit ton fils avant de me lâcher sa bête dessus. Je quittai ma tétanie et me jetai en arrière, avant d’entamer une course trop lente. Le chien mordit mon mollet : je tombai. Il remonta le long de la jambe. Je me retournai d’instinct, un instinct qui me criait de libérer mes bras, d’en protéger ma tête. Une pulsion bien inutile. L’animal s’en moqua et m’arracha la gorge.
Les dernières images de ma vision, je ne peux qu’observer le chien à travers mes yeux qui virent au vitreux, qu’écouter son souffle terrible qui couvre le rire de ton fils alors que les sons se font de plus en plus lointains.
Je veux que tu comprennes, ma sœur chérie, que je ne connais pas le détail de cette révélation. Je ne sais pas s’il n’y a que le quartier où l’on m’y fait déambuler qui brûle ou si l’embrasement a saisi le monde entier. Ma certitude, c’est que ton fils semble s’y épanouir et s’y trouver en sécurité, et qu’il est protégé par un gros chien.
Aussi, quand j’ai vu ce petit chiot rottweiler dans cette vitrine d’animalerie, la semaine dernière, j’ai tout de suite pensé à lui.
— Mais tu débloques complètement, ma vieille. On a dit qu’on n’offrait pas d’animaux aux enfants !
— Je sais : mais tu n’as pas vu ce que j’ai vu, pas compris ce que j’ai compris, et je le déplore…
— Quand bien même, ma vieille, quand bien même. D’où achètes-tu le chien pour te faire égorger ? C’est le stade au-dessus du bâton pour se faire battre. Prends un peu soin de toi, tu veux bien ? On ira rendre le chiot demain, j’espère que tu as gardé le ticket.
On ne peut plus discuter avec ma sœur quand elle a décidé quelque chose. Me voilà tante indigne à l’anniversaire de mon neveu, mon unique présent refusé. Je n’en reviens pas d’être niée de cette façon, alors que dans les yeux du petit, reflétées sur ses prunelles, je vois des flammes, des flammes…
Il souffle ses bougies.
Slt, une idée intéressante que tu développe au travers de phrases un beaucoup trop confuse, a mon humble avis.
RépondreSupprimerPetit détail, le gazole ne brûle pas, il faudrait modifier ce petit passage, en plus on comprend pas trop de qu'elle genre de bouteille tu parles. Mais la tante qui malgré la vision d'horreur qu'elle a eu, préfère protéger son neveu quoiqu'il en coûte, c'est très intéressant comme idée. Tu as la de la matière à un texte bien plus long.
Si tu veux que je supprime ce message, n'hésite pas à me le dire, je ne sais pas si tu attends des commentaires, de ce genre en plus, mais comme je passais par là.
Guihnol