Le Rail : Intentions de scribe
On voulait aller au bout de nos idées et utiliser des trains pour le transport spatial. Oui oui. Des trains. C'est cool, le train. |
Il y a une part de
« si ». Si Mara Ibanez était restée enivrée durant
tout le feuilleton, ses décisions auraient-elles été très
différentes ? Si la Peste Rouge avait transformé les gens en
GIF animés, aurait-elle eu le même impact ? Si tous les
personnages s'étaient parlé en code pour ménager le suspens comme
dans tout bon feuilleton, se seraient-ils seulement compris entre
eux ? Si Ericsson avait été un téléphone portable comme son
nom semble l'indiquer, que serait devenue la scène du bar ?
Il y a une part de défi
vocal. Pouvais-je imiter la voix de la délicieuse actrice qui joue
Mara Ibanez – retrouver son nom, retrouver son nom, viiiite –
Amandine Ciappa, de façon
convaincante ? Pouvais-je jouer sans rire mes propres répliques
improbables – même si, comme je vais le montrer, elles tiennent
plutôt du plagiat que de la réinterprétation ?
Il y a une part de défi
scénaristique. En deux épisodes du Rail, l'Alliance Railteam en a
bouclé cinq de la Ligne. Théoriquement, les quatre-vingt cinq
épisodes de celle-ci en devenaient donc dix-sept (NDA : En fait, trente-quatre. Je suis scénariste, je n'ai pas besoin de savoir compter !), mais ça fait
quand même beaucoup pour un réalisateur qui se désintéresse petit
à petit du son. Il y avait donc nécessité, sur la durée, de
raccourcir à fond le scénario (avez-vous remarqué cet épisode où
il ne se passe rien, sinon que le vaisseau prend un virage en épingle
à cheveux ?) en squeezant des passages à suspense (osef du
suspense, on était là pour rire un peu avec le pitch).
Il y a une part de
critique dégueulasse.
1] Les rêves
prémonitoires de Mara Ibanez ne sont jamais expliqués. Mais osef !
C'était l’Élue des aliens, alors on n'est pas à ça près. (Et
puis dans un feuilleton à suspense, qui se soucie encore d'être
cohérent avec le pilote lorsqu'arrive l'épisode final ? *tousse*
LOST *tousse*)
2] La Peste Rouge se
transmet par une voie inconnue. Mais osef ! Ayons quand même
des rapports sexuels avec les malades, ça ne peut pas nous tuer...
Oh attendez.
3] Mara Ibanez a tué
son coéquipier lorsqu'elle bossait encore dans la police, et, face à
son ancien patron, elle lui déclare droit dans les yeux qu'elle a
été virée uniquement parce qu'elle n'aimait pas les méthodes de
surveillance. Mais osef ! Decker a mystérieusement oublié son
dossier. Ou alors, le scénariste n'avait pas encore bien déterminé
pourquoi Mara Ibanez ne travaillait plus pour la police sectorielle.
Ça arrive, on écrit à l'instinct, un truc vient, on le met, tout
ça, tout ça...
4] Les Eoknens
s'embêtent à calculer l'avenir, alors qu'ils ont la
possibilité de voyager dans le temps pour aller directement le voir
(ce qui est quand même moins compliqué). Mais osef ! Mara
Ibanez fera une subtile allusion au nombre 69 pour distraire
l'auditeur. Bon, allez, soyons gentil, mettons qu'on ne puisse pas
voyager dans le temps nawakement de peur des paradoxes. Cela dit,
tuons le suspense : passé = avenir, tout dépend du point de
vue. Peuvent pas ouvrir un bouquin d'histoire-géo, ceux du futur ?
5] Des femmes dans la
Phalange. Allô. (Ceux qui ont écouté le dernier épisode se sont
peut-être aussi dit que ces femmes sans voix sortaient un peu de
nulle part comme caution happy end. Imaginez la fin de la Ligne où
Mara Ibanez serait la seule présence féminine. Oui, je sais. C'est
très sale.)
6] Les hommes portent
pantalons et chemises, les femmes des combinaisons moulantes. Oui,
Buxley : je te regarde et je te juge. M'en fous, dans ma
prochaine saga, les femmes seront en parka et les hommes en caleçon.
Comment ? Twilight l'a déjà fait ? Tarataflûte.
Bref :
Que des micro-bêtises.
Qui, gonflées par des gens qui ne manquent pas d'air, sont devenues
marrantes au moins pour eux.
... Et pour montrer tout ça, utilisons le script du premier épisode du Rail !
A comparer avec les premières secondes du premier épisode de la Ligne :
On sent la grande innovation. Ce serait presque drôle si ça ne se produisait que de temps en temps, mais, l'idée méchante, c'était quand même de coller au texte pour lui faire dire n'importe quoi. Passons à la suite ! Le charmant mélange du vol du vous-savez-quoi et de la conversation téléphonique entre le MinistreDilinetiryor de l'Intérieur et l'Agent Black&Decker.
A-t-on besoin de tabasser quelqu'un après lui avoir tiré dessus ? Si ça se trouve, je n'ai rien compris à la scène. C'est le garde qui tire et les voleurs qui se défendent. Raccrochons-nous à cette idée, et notons à quel point le figurant garde a renoncé à toute crédibilité dans son rôle.
Les gens qui parlent en code me fascinent. Je l'ai déjà dit ? Comme en plus, début de feuilleton = suspense ménagé pour ne pas trop fatiguer la tête de l'auditeur tout en lui donnant envie d'accrocher, ça collait bien. (Ah oui, notez aussi que l'accentarabe yiddish pied-noir dilinetiryor moisi du ministre figurait à même le texte. Il a fallu que je le traduise à Podeste.)
Il fallait faire dire des répliques inutiles aux voleurs. Ils sont grands, ils sont forts, ils sont bleus... Je fus confusée.
J'avais dans l'idée, au cours de l'écriture, de faire dérailler les conversations entre les personnages, puis de les remettre dans les rails d'une façon inattendue voire stupide. Un exemple ici, où le « c'est juste un contretemps » est une reprise parfaite du texte du Buxley, mais utilisée d'une façon qui n'a presque plus rien à voir. C'est assez irrespectueux. Mais drôle à faire. Mais irrespectueux.
Oui parce que marre du mythe du murmure mystérieux.
Parodie = humour et humour = stupidité quand on ne veut pas se fouler le cerveau. La première réplique de Maria Sanchez Rodriguez de Navidad y Concepción se voulait donc perchée.
La première prestation de la « voix-off Mara » (enfin, Maria) est un poil trop décousue sans avoir écouté la Ligne, chose que je regrette. (Où ai-je mis mes esprits et mes repères ?)
Et une moquette douce et molle, oui, c'est un putain de nid à acariens.
Ah oui, gag qu'on ne casera sans doute jamais : quand il vous suffit de dire « lumière » pour que le plafonnier s'allume ou s'éteigne, comment la domotique ne tient-elle pas compte des fois où vous êtes seulement en train de discuter avec un ami de Régis de la compta qui n'est décidément pas une lumièr... Roger, ton plafonnier, pute borgne ! Pardon madame, je ne voulais pas vous déranger, je n'ai pas besoin de votre prestation. Non mais cette installation est mal calibrée, bordel... Ah non ! Désolé mesdemoiselles, je vous raccompagne à la porte... Domotique de merd... JE NE L'AI PAS DIT !
Faute de français volontaire + calque du texte originel + gag stupide : ce n'est pas sur ce passage que nous espérions passer pour des intellectuels.
Détail amusant dans la Ligne : c'est le même présentateur qui fait toutes les infos, quelle que soit l'heure – laissons à Buxley le bénéfice du doute pour la chaîne, peut-être qu'il n'y en a plus qu'une dans cette époque d'égalité gouvernée par un seul et même pouvoir mais pas dictatorial du tout oh là là qu'allez-vous imaginer grand fou. Alors l'équipe du Rail a pensé que de temps en temps il devait être fatigué. L'autre hypothèse, c'est que les infos sont rediffusées.
D'ailleurs, elles le sont.
Mais bon, c'était un feuilleton qui devait sortir vite, avec une seule personne pour prendre en charge le montage et le mixage, on n'a paaaaaas toujours le temps de créer une ambiance sonore toute nouvelle pour trois secondes de scènes, alors osef, hein ?
« Le monde ne tourne pas rond »... Dans le genre gimmick, celui-ci revient à toutes les sauces, au moins tous les quatre épisodes. Forcément, soit on accroche, soit on veut l'accrocher par les tripes à un clou. Et c'est très compliqué d'accrocher un gimmick par les tripes à un clou. Alors autant jouer avec.
Il n'y a plus de pays pauvres au 31e siècle. Ce qui explique parfaitement que le chef de la police sectorielle du Caire, capitale culturelle, squatte un bureau tout pourri tandis que son comparse chef de la police sectorielle de Paris, capitale pluviométrique, ait droit à un foutu beau building bilalien (ou peut-être bladerunneresque) pour lui tout seul. L'histoire des régions pauvres se tient, non ?
« Pas du tout comme au 21e siècle, vais-je préciser en choisissant une date tout à fait au hasard ». Je voudrais bien expliquer cette phrase sans arguer qu'elle se suffit à elle-même, mais je n'y arrive pas. Mara Ibanez, si elle est plus subtile que Maria Sanchez Rodriguez de Navidad y Concepción, fait une fois ou deux allusion au 21e siècle et c'est agaçant. Est-ce que je passe mon temps à me vanter de ne pas vivre au 11e siècle, je vous le demande ?
Fumer la moquette, elle était facile, mais le reste du scénar ne tapant pas haut c'est un cercle vicieux, voyez. Qui... Ne tourne... PAS ROND.... Et pour montrer tout ça, utilisons le script du premier épisode du Rail !
Voix-off bizarre > Il n’y a qu’un seul et même Rail.
Il existe un départ.
Et un terminus.
L’univers tout entier suit un même trajet.
Personne ne peut s’écarter du chemin de fer.
Car l’essence, c’est trop cher.
Il existe un départ.
Et un terminus.
Tout a un départ.
Tout a un terminus.
Tout a des arrêts entre le départ et le terminus auxquels on s’arrête à moins de se trouver dans un train direct pour la destination désirée.
A comparer avec les premières secondes du premier épisode de la Ligne :
Voix-off > Il n'y a qu'une seule et même Ligne.
Il existe un début.
Et une fin.
L'univers tout entier suit un même tracé.
Personne ne peut s'écarter du chemin.
Car nous sommes le chemin.
Il existe un début.
Et une fin.
Tout a un début.
Tout a une fin.
On sent la grande innovation. Ce serait presque drôle si ça ne se produisait que de temps en temps, mais, l'idée méchante, c'était quand même de coller au texte pour lui faire dire n'importe quoi. Passons à la suite ! Le charmant mélange du vol du vous-savez-quoi et de la conversation téléphonique entre le Ministre
*des gens se déplacent*
Garde > Oh, des intrus ! Salut ! Mais dites-moi mes amis, comment diable êtes-vous parvenus à entr…
*armage de flingue*
Garde > Ah ben zut alors.
*tir* (cri wilhelm ?)
*coups de poing*
Garde > Bouergl ! Non mais c’est bon, j’avais eu mon compte avec les la… *bodyfall*
*tonalité téléphonique*
A-t-on besoin de tabasser quelqu'un après lui avoir tiré dessus ? Si ça se trouve, je n'ai rien compris à la scène. C'est le garde qui tire et les voleurs qui se défendent. Raccrochons-nous à cette idée, et notons à quel point le figurant garde a renoncé à toute crédibilité dans son rôle.
Ministre > Allô, kiskiya ?
Agent > Monsieur le ministre ?
Ministre > Oui c’i moi. Kistiveu ?
Agent > Pardon de vous déranger, monsieur le ministre.
Ministre > Pôrkoi qu’t’i m’sôle à cite hire-là d’li nuit ?
Agent > Vous-savez-qui ont fait vous-savez-quoi vous-savez où et vous-savez-quan… Euh… Cette nuit, monsieur le ministre.
Ministre > Kistidi ?
Agent > Ils ont… Récupéré vous-savez-quoi.
Ministre > Quoi, ji si quoi ?
Agent > Que faisons-nous, monsieur le ministre ?
Ministre > Mis, ji, euh… Bah fis ti-si-quoi si ti si malin !
Agent > Bien reçu, monsieur le ministre.
Les gens qui parlent en code me fascinent. Je l'ai déjà dit ? Comme en plus, début de feuilleton = suspense ménagé pour ne pas trop fatiguer la tête de l'auditeur tout en lui donnant envie d'accrocher, ça collait bien. (Ah oui, notez aussi que l'accent
(Voleuse > Aloha Pandora Na’vi.
Voleur 1 > Djékseuli.)
Il fallait faire dire des répliques inutiles aux voleurs. Ils sont grands, ils sont forts, ils sont bleus... Je fus confusée.
Agent > Monsieur le ministre ?
Ministre > Quoi ?
Agent > En fait je… Je n’ai pas compris, monsieur le ministre…
Ministre > Bah si ti voul pas parli par tiliphone di li sicrit d’itat, taraka vnir à mon bireau dimain. O chi moi tô di suite. Ci jiste un contretemps.
J'avais dans l'idée, au cours de l'écriture, de faire dérailler les conversations entre les personnages, puis de les remettre dans les rails d'une façon inattendue voire stupide. Un exemple ici, où le « c'est juste un contretemps » est une reprise parfaite du texte du Buxley, mais utilisée d'une façon qui n'a presque plus rien à voir. C'est assez irrespectueux. Mais drôle à faire. Mais irrespectueux.
(Murmure mystérieux) > Ceci est un murmure mystérieux... Ceci est un murmure très mystérieux...
Oui parce que marre du mythe du murmure mystérieux.
Voix-off bizarre > Tout a un terminus. Tel est... Le Rail.
*tsoin* !
Maria > Han !
*tsoin !*
Maria > Haaaan !
*tsoin ! tsoin ! tsoin !*
Maria > Han han han !
OFF > Toutes les nuits. Ce même rêve. Ce même cauchemar qui finit par tsoin ! Je déteste les cauchemars qui finissent par tsoin.
Parodie = humour et humour = stupidité quand on ne veut pas se fouler le cerveau. La première réplique de Maria Sanchez Rodriguez de Navidad y Concepción se voulait donc perchée.
J’me suis levée, lentement, les yeux dans les yeux de la vitre en tête-à-tête avec moi-même. Fallait que je retrouve mes esprits, mes repères. J’ai fouillé vaguement dans la pièce, avant de me rappeler que c’était au sens figuré. J’me suis même approchée de la fenêtre pour demander à la femme dans la vitre si elle les avait pas vus, puis suis tombée sur ma moquette douce et molle. Bon dieu, j’avais une moquette douce et molle.
Maria > Putain de nid à acariens… Domotique, commande : persiennes !
*bziiiiiit*
La première prestation de la « voix-off Mara » (enfin, Maria) est un poil trop décousue sans avoir écouté la Ligne, chose que je regrette. (Où ai-je mis mes esprits et mes repères ?)
Et une moquette douce et molle, oui, c'est un putain de nid à acariens.
Ah oui, gag qu'on ne casera sans doute jamais : quand il vous suffit de dire « lumière » pour que le plafonnier s'allume ou s'éteigne, comment la domotique ne tient-elle pas compte des fois où vous êtes seulement en train de discuter avec un ami de Régis de la compta qui n'est décidément pas une lumièr... Roger, ton plafonnier, pute borgne ! Pardon madame, je ne voulais pas vous déranger, je n'ai pas besoin de votre prestation. Non mais cette installation est mal calibrée, bordel... Ah non ! Désolé mesdemoiselles, je vous raccompagne à la porte... Domotique de merd... JE NE L'AI PAS DIT !
OFF > La lumière à la ville s’engouffra dans ma chambre, arpentant ma nuisette, grimpant sur mes cheveux pour danser la gigue contre ma gueule de bois, cette lumière bleue, étrange, la lumière… du jour.
Maria > Ah meeeeeerde, c’est l’matin…
Faute de français volontaire + calque du texte originel + gag stupide : ce n'est pas sur ce passage que nous espérions passer pour des intellectuels.
OFF > Mais en fait non. Rien que le néon agressif d’une publicité postée juste en face de chez moi.
Maria > Domotique, commande, télé.
Présentateur > J’en connais des qui vont être notés sympa aux exams ! Les feignants dont nous payons les bourses d’étude *bâille* ben ils font encore grève, genre pour protester contre la politique, ce genre de trucs. *bâille* Bon, fin de cette édition de trois heures et demie du matin, moi je pars me pieuter…
Détail amusant dans la Ligne : c'est le même présentateur qui fait toutes les infos, quelle que soit l'heure – laissons à Buxley le bénéfice du doute pour la chaîne, peut-être qu'il n'y en a plus qu'une dans cette époque d'égalité gouvernée par un seul et même pouvoir mais pas dictatorial du tout oh là là qu'allez-vous imaginer grand fou. Alors l'équipe du Rail a pensé que de temps en temps il devait être fatigué. L'autre hypothèse, c'est que les infos sont rediffusées.
D'ailleurs, elles le sont.
Mais bon, c'était un feuilleton qui devait sortir vite, avec une seule personne pour prendre en charge le montage et le mixage, on n'a paaaaaas toujours le temps de créer une ambiance sonore toute nouvelle pour trois secondes de scènes, alors osef, hein ?
OFF > Le monde ne tourne pas rond. En fait, il décrit un ellipsoïde autour du soleil. Dingue, hein ? Ça veut dire que les hémisphères nord et sud ne sont pas autant éclairés l’un que l’autre. Ça paraît fou dans cette époque d’égalité, gouvernée par un seul et même pouvoir, mais pas dictatorial du tout, ouh la la, qu’allez-vous imaginer, grand fou. Plus de pays pauvres ! Maintenant, c’est des régions pauvres. Ça change tout. Pas comme au 21e siècle, vais-je préciser en choisissant une date tout à fait au hasard. Plus rien du tout du tout du tout du tout. Sauf l’alcool, peut-être. Mais qu’est-ce que je fous là, moi ! A fumer ma moquette douce et molle, ressasser mes cauchemars en tsoin ! et utiliser anarchiquement le passé simple ou composé à la narration…
« Le monde ne tourne pas rond »... Dans le genre gimmick, celui-ci revient à toutes les sauces, au moins tous les quatre épisodes. Forcément, soit on accroche, soit on veut l'accrocher par les tripes à un clou. Et c'est très compliqué d'accrocher un gimmick par les tripes à un clou. Alors autant jouer avec.
Il n'y a plus de pays pauvres au 31e siècle. Ce qui explique parfaitement que le chef de la police sectorielle du Caire, capitale culturelle, squatte un bureau tout pourri tandis que son comparse chef de la police sectorielle de Paris, capitale pluviométrique, ait droit à un foutu beau building bilalien (ou peut-être bladerunneresque) pour lui tout seul. L'histoire des régions pauvres se tient, non ?
« Pas du tout comme au 21e siècle, vais-je préciser en choisissant une date tout à fait au hasard ». Je voudrais bien expliquer cette phrase sans arguer qu'elle se suffit à elle-même, mais je n'y arrive pas. Mara Ibanez, si elle est plus subtile que Maria Sanchez Rodriguez de Navidad y Concepción, fait une fois ou deux allusion au 21e siècle et c'est agaçant. Est-ce que je passe mon temps à me vanter de ne pas vivre au 11e siècle, je vous le demande ?
(Le coup du passé simple ou composé est une mesquinerie de grammar nazie dégueulasse. Délais de production, tout ça. Vous connaissez la musique.)
Maria > Ah, pauvre petiote de moi que je m’appelle Maria au passage pour que les auditeurs ne me confondent pas avec un quelconque personnage secondaire dont ils seraient amenés à se désintéresser dans la prochaine séquence…
Mara Ibanez est le premier personnage à renseigner l'auditeur sur son nom. Certes, on sait que le Ministre
OFF > Qu’est-ce que je fous sur ma moquette, déjà ? Cette barre dans le front… J’ai passé la tête par la fenêtre.
*pluie*
Maria > Eh eh eh, douche gratuite ! Rien que pour ça, j’adore Paris !
OFF > J’ai rentré la tête pour me sécher les cheveux.
Ce passage est inutile. Sauf peut-être pour la barre dans le front, qui peut expliquer à la fois 1] le réveil difficile 2] les cauchemars à base de murmures mystérieux qui finissent par tsoin 3] la localisation de Mara au début de l'épisode 2.
Télé > Ce que je cherche juste, c’est un peu d’amour, moi…
Télé 2 > Oui, moi aussi !
Maria > Et puis moi si vous saviez !
Télé > Alors, si on baisait tous les deux !
Maria > Mais et moi ?
Télé 2 > Oh oui !
Télé > Enlève tout ça, allez !
Maria > Egoïstes ! Domotique, commande : extinction du téléviseur ! Na.
Oui, du porno pour enfants : c'est le futur et on n'apprend jamais assez tôt à se dévergonder dans le respect de la dignité humaine – quoi, si j'ai déjà vu un porno dans ma vie ? Non, mais mes potes me jurent que leur intérêt pour la chose n'est que strictement documentaire alors je leur fais confiance \o/
Oh, et oui, Maria parle à sa télé. C'est le futur. Elle a la gueule de bois. Et encore perdu deux millions de neurones la veille.
OFF > Pas moyen de retrouver le sommeil. Même entre les coussins du canapé, là où tombent les pièces de monnaie. Que du porno pour enfants à la télé. J'ai plus qu'à faire ce que je sais faire de mieux...
Et bim ! Encore une interprétation littérale de retrouvailles au figuré, ha ha ha ! Je dois être
Notez le glissement de sens dégueulasse qui s'opère dans cette réplique : Mara Ibanez n'a plus « qu'une seule chose à faire ». Maria Sanchez Rodriguez de Navidad y Concepción, quant à elle, part faire ce qu'elle « sai[t] faire de mieux ». Dans les deux cas, nous parlons de l'acte d'aller se murger au beau milieu de la nuit. Respect pour le personnage originel : hum... moins MILLE.
De toute façon, nous allons changer de scène et de point de vue.
*tonalité*
Bidule > Ouais ?
Sébastien > Le rail est sécurisé ?
Bidule > Q… Quoi ?
Sébastien > Euh, pardon, je disais : la ligne est sécurisée ?
Cet échange est une tentative de méta-parodie, comme si, à force de remplacer « ligne » par « rail » les auteurs s'étaient trompés. Sans pouvoir se corriger ensuite. (Lourdement crédible.)
Bidule > J’ai branché mon scanner : si jamais ils repèrent notre communication ils n’entendront que des bruits chelous, ils penseront s’être trompés.
Sébastien > … Tu confonds pas avec un fax ?
J'aime bien me moquer du piratage informatique. Oui, c'est un fléau, oui, la DST peut écouter tout ce qui se trouve dans un rayon de cinq mètres autour de votre téléphone portatif, bla, bla, bla... J'y penserai quand je serai en plein interrogatoire musclé avec le Colonel Ducharme-Leplantier, OK ?
Bidule > Tu déconnes ?
Sébastien > J’ai l’air ?
Quand je parlais de dérailler avant de récupérer les rails (enfin, la ligne directrice du scénar), voici deux répliques que Sébastien et Bidule-dont-on-ne-saura-jamais-le-nom s'échangent effectivement, mais pas du tout à ce propos, ni à ce moment de la conversation.
Bidule > Bon, ben, euh, et sinon, toi, ça va ? Ayons une conversation très innocente pour le cas où on nous écouterait, qu’est-ce t’en dis !
Sébastien > Si ça va ? J’ai pas demandé à faire des études de médecine, j’ai pas demandé à vivre dans une maison construite pour moi avant ma naissance, j’ai pas demandé à me marier, j’ai pas demandé à avoir quatre enfants au patrimoine génétique déjà calibré, aux embryons déjà au frigo, qu’on inséminera à ma femme pour ses vingt-six, vingt-huit, trente-et-un et trente-neuf ans !
Bidule > Trente-neuf ? Ça fait tard !
Sébastien > Bah tu sais bien, le petit dernier c’est toujours celui qu’on avait pas trop prévu.
Le principe de la détermination est assez rigolo. A sept ans, on peut savoir si vous avez un bon profil psychologique de déménageur, et le fait qu'à dix-huit balais vous soyez encore tout rachitique ne devrait pas poser de problème. On vous a donné un métier, jamais garanti que vous survivriez à votre première paye.
Sinon, la baraque de mes parents aussi a été construite avant leur naissance, mais il paraît que ça lui donne du cachet.
Tant qu'à planifier, j'ai fait planifier les gosses : et le petit dernier, c'est celui qu'on n'avait pas trop prévu. Logique. Vous n'avez pas connu ces fratries où les premiers ont vingt-cinq, vingt-trois, dix-neuf ans, et le petit dernier huit ?
Bidule > …Ah ouais. Sinon j’imagine que tu m’appelais pour tu-sais-quoi ?
Sébastien > Exact. Tu-sais-qui ont récupéré tu-sais-quoi avec succès.
Bidule > Oh putain.
Transition subtile, et retour des gens qui parlent en code ! (Ils me manquaient, j'avoue.)
Sébastien > Il faut leur faire quitter la Terre.
Bidule > J’peux pas, chuis un trouillard.
Sébastien > Ecoute-moi bien, tête à claque, ou je t’en fous une par téléphone ! Leur cause, c’est notre cause, avec ce qu’ils savent on peut tout faire péter !
Bidule > Ils savent quoi ?
Sébastien > Tu sais quoi.
Bidule > …OK… Faire péter quoi ?
Sébastien > Tu SAIS quoi ! Contente-toi de suivre le Rail. C’est ce qu’ils nous ont appris. Ça et la méditation transcendantale.
Dans la Ligne, il est suggéré que Bidule est une personne assez émotive sans aller jusqu'à la lâcheté, qui n'encaisse pas aussi bien que Sébastien de se trouver mêlée à un tel complot. Dans le Rail, comme je suis un grosse truie, il déclare : « chuis un trouillard ». Subtil ! Et ça parle en code !
Bidule > Bon, ça va, je te rejoins.
*raccroche et fait quelques pas*
*ouvre une porte*
Sébastien > Ah ben enfin !
L'épisode 1 du Rail est lent, en fait, par rapport à nos contraintes de raccourcis sur le scénar de Buxley pour ne pas se taper quatre-vingt cinq épisodes de parodie à mixer. Nous avons donc raccroché la dernière scène de l'épisode 1 à la première de l'épisode 2. Dans la Ligne, il y a une ellipse : Sébastien et Bidule se sont retrouvés, nous ne savons comment. Dans le Rail, nous avons décrété qu'ils se trouvaient au même endroit depuis le début même si ça n'a aucun sens.
Bidule > Mais pourquoi tu voulais qu’on parle au téléphone, en fait ?
Sébastien > Ben on sait jamais, il pourrait y avoir des micros. T’as sécurisé les caméras ?
Bidule > Ouais c’est bon, j’ai branché mon fax dessus.
Tant qu'à faire des blagues pourries, autant les rentabiliser.
Sébastien > …OK… Ils arrivent. C’est bien tu-sais-qui. Tu-sais-combien d’hommes, et une femme.
Bidule > Femme ? Femme ! Feeeeeemme !
Sébastien > Oublie pas qu’ils sont avec nous.
« Tu-sais-combien d'hommes », parce que comme ça, on n'était pas obligés de les compter au fur et à mesure qu'ils mourraient pour être sûrs qu'on en oubliait pas un ou deux (ou qu'on en tuait pas de trop).
Dans la Ligne, Bidule panique, et Sébastien est obligé de lui rappeler que les voleurs sont dans leur camp. Je n'ai toujours pas compris pourquoi. C'est sûrement lié au fait que nous ne savons presque rien de Bidule ; notamment, nous ne savons pas ce qu'il sait. Histoire d'aller vite, j'ai raccourci en « Bidule est un informaticien et ne voit pas beaucoup de filles ». Subtilité féminine bonsoir.
*pas, puis arrêt*
Sébastien > Je vois que vous êtes bien arrivés. Êtes-vous vraiment bien arrivés ?
Bidule > Tu vois bien que non !
Sébastien > Fais pas ch… Pourquoi tu fermes les yeux ?
Bidule > Si je ne le vois pas, ça n’existe pas. Si je ne le vois pas, ça n’existe pas. Si je ne le vois pas, ça n’existe pas. Si je ne le vois pas…
Dans la Ligne, Sébastien pose presque cette question aux voleurs lorsqu'il les rencontre. Bidule le reprend alors sur le fait que c'est une question débile. Et comme ce n'était pas assez drôle, l'un de nous a ajouté ce gag stupide de Bidule qui ferme les yeux pour protéger son esprit fragile.
Sébastien > Mais calme-toi, putain. Nous vous avons trouvé un vous-savez-quoi sûr, comme vous-savez-ce-qu’on-avait-convenu.
Bidule > Pourquoi ils disent même pas bonjour ? On les fait s’évader, merde.
Pourquoi les voleurs ne disent-ils même pas bonjour ? Sûrement un truc culturel, ou une histoire de paradoxe.
Sébastien > Qu’est-ce que j’en sais ? Ils parlent peut-être que l’hindou, un de ces trucs pourris.
Bidule > …Mon père est hindou.
Sébastien > Rhô, on s’en fout, ça passe par la mère.
Bidule > …Ma mère est hindoue.
Le scénar de la Ligne dit « un de ces trucs mystiques ». Ça reste moyennement ouvert d'esprit. Aujourd'hui, beaucoup de jeunes hindis sont branchés à Internet et pas mystiques pour deux sous, savez. Alors au 31e siècle, je ne veux même pas imaginer ! (Pierre Desproges aurait sans doute détesté le Rail, mais pas forcément la reprise du gag des aïeux étrangers.)
Sébastien > Je peux prendre vous-savez-quoi que vous tenez obstinément plaqué contre votre torse ?
Voleur 1 > Même pas… Dans tes… Rêves… Euh.
Sébastien > Ah, c’est sûrement parce que vous avez mis nous-savons-quoi dedans ! Ah ah, suis-je bête.
Bidule > Vous verrez… Vous allez vous plaire à Paris. C'est la ville du personnage principal, après tout.
Il fallait conclure l'épisode avec quelques informations pour la suite : l'objet volé se trouve dans une valis... dans un vous-savez-quoi. Et les voleurs vont sans doute se plaire à *clin d’œil* Paris *clin d’œil* capitale *clin d’œil* pluviométrique *clin d’œil* où réside *clin d’œil* une certaine *clin d’œil* Maria Sanchez Rodriguez de Navidad y Concepción ! C'était honteux de le mettre en évidence comme ça, mais rigolo.
Voilà. Vous savez tout. Et pouvez me haïr dans la bonne humeur.
Ou peut-être découvrir pourquoi l'épisode 2 ne sort pas si ce n'est pas déjà fait.
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